Ce troisième déplacement en Basse Kabylie s'est effectué sous haute surveillance. Le ministre d'Etat et ministre des Collectivités locales a effectué une visite de travail, jeudi dernier, dans la wilaya de Béjaïa pour s'enquérir de la situation, à la suite des intempéries de ces derniers temps, dans la région. Au-delà de l'aspect purement technique de la visite, M.Zerhouni a réussi le pari de fouler le sol d'une région décrétée «zone interdite aux officiels» par les délégués des ârchs. Ce troisième déplacement de M.Zerhouni en Basse Kabylie s'est effectué, faut-il le souligner, sous haute surveillance. Outre le secret total fait autour de cette visite de travail, il y a lieu de signaler les dispositifs de sécurité déployés sur les principaux axes routiers de la wilaya et les points de chute «très étudiés» qui, à eux seuls, démontrent combien la tension est toujours vivace dans cette localité de Kabylie. Les citoyens qui s'attendaient à la visite du Chef du gouvernement, n'ont eu droit, en fin de compte, qu'à celle du ministre de l'Intérieur, qui a, néanmoins, permis de lever le voile sur certaines questions de l'heure. Après le périple qui l'a conduit aux différents endroits touchés par le sinistre, notamment dans la région est de la wilaya, le responsable du département de l'Intérieur a tenu une réunion de travail avec les élus et responsables locaux en l'absence d'élus du Front des forces socialistes qui l'ont boycottée. Dans son intervention, M.Zerhouni a eu à aborder les événements de Kabylie qu'il a qualifiés de «tragiques» et qui restent, à ses yeux, «une priorité». Pour ce représentant de l'Etat, la solution du conflit réside dans «un dialogue et le respect des lois de la République». L'orateur s'étendra longuement sur d'autres aspects pour expliquer tout l'intérêt accordé aux détenus, Yazid Zerhouni, s'est montré catégorique. «Ils seront jugés en toute équité et dans le respect de leurs droits», affirme-t-il avant de conclure en disant qu'«il faut laisser la justice faire son travail». A propos des élections partielles, le ministre de l'Intérieur a affirmé que ces dernières seront organisées avant l'été, sans pour autant avancer une date précise. Même si cette visite de Zerhouni à Béjaïa n'a pas connu d'empêchement physique comme cela était appréhendé, il n'en demeure pas moins que les délégués des ârchs, qui étaient le même jour en conclave à Semaoun, ont rendu public un communiqué où nous pouvons lire que «la visite en catimini du sieur Zerhouni dans la wilaya de Béjaïa, organisée par les indus élus squatteurs de la volonté populaire, contredit par l'acte ses récentes déclarations à propos de la normalisation de la situation en Kabylie».Réaffirmant leur détermination à «faire aboutir la plate-forme d'El-Kseur», les délégués de la Cicb, censés défendre la liberté de la presse, ont dénoncé ce qu'ils appellent «la dérive morale et professionnelle de certains organes de presse écrite et audiovisuelle», en citant nommément la radio Soummam. Ces délégués, qui se trompent encore une fois d'ennemi, accusent ces organes de presse de «servir de rampe de lancement à des énergumènes traîtres de la mémoire des martyrs». Notons enfin que l'hôte de Béjaïa s'est montré conciliant avec les festivités de la célébration du 20 Avril en déclarant: «Nous sommes prêts à les soutenir pour peu qu'elles soient bien encadrées.» Concernant les logements squattés, M.Zerhouni a fait état de l'existence d'«un délai» fixé aux squatteurs. Passé ce délai (fin du printemps), «nous utiliserons la force publique pour les en déloger», précise-t-il. Concernant les dégâts occasionnés par les intempéries, le ministre de l'Intérieur a insisté sur le «rétablissement de l'eau et du gaz» avant le début de la saison estivale. «Nous allons faire jouer la solidarité nationale», annonce-t-il en même temps que d'importantes enveloppes financières.