Ils n'ont qu'une chose en tête : réussir les marches. Profil bas, miné de l'intérieur, sujet aux manipulations et récupérations politiciennes, le mouvement citoyen n'en finit pas, depuis quelques mois, de subir les contrecoups d'une stratégie qui a montré ses limites au bon moment, si on avait su les décrypter. Ces derniers mois, la fracture est davantage marquée. Les délégués des différentes structures de l'interwilayas n'arrivent pas à accorder leurs violons en ce qui concerne, notamment, les fameuses perspectives politiques. Les différends sont tels que les délégués s'étaient quittés, lors du dernier conclave de Yakouren, sans même se fixer un rendez-vous comme cela était de coutume. Face aux nombreux défis quotidiens, les ârchs n'ont, à présent, qu'une chose en tête : réussir, coûte que coûte, les marches synchronisées prévues pour dimanche 20 avril à Béjaïa, Bouira et Tizi Ouzou. Pour ce faire, les délégués des ârchs donnent l'impression de vouloir se corriger. A Béjaïa, une campagne de mobilisation a été menée tambour battant à travers plusieurs localités. «Il n'est pas question de rater le prochain rendez-vous», tel était le message que les délégués, animateurs des meetings de proximité, ont tenté de transmettre aux populations de moins en moins nombreuses, car fatiguées d'un rituel discours d'où ne ressort aucun espoir d'une sortie rapide de la crise. Tel un abcès de fixation, les démonstrations de rue prévues pour la célébration de ce double anniversaire du Printemps amazigh et Printemps noir, semblent être l'unique préoccupation des animateurs des structures du mouvement citoyen, notamment ceux connus pour leurs liens avec le MAK, le RCD et autres structures politiques. De la réussite de ce 20 Avril, en matière de mobilisation, dépend apparemment leur avenir politique, sommes-nous tentés de comprendre à travers cet acharnement. Même si les manifestations du 20 Avril sont traditionnellement mobilisatrices eu égard au caractère historique de cette journée, il n'en demeure pas moins que pour cette année, des appréhensions sont perceptibles à travers les propos des délégués qui en sont tellement conscients qu'ils tentent, vaille que vaille, de rassurer les citoyens afin de les amener à adhérer à ce qui paraît comme «l'ultime démonstration de force». «Si on ne mobilise pas le 20 Avril, ce sera une catastrophe», disent, en substance, certains délégués gagnés par un scepticisme total. Les ârchs, qui ont, jusqu'à l'épisode des élections législatives et locales, réussi des actions éclatantes, redoutent, à présent, d'être surpris. Ce qui explique cette campagne tous azimuts, menée par la Cicb et la Cadc pour prêcher une participation record. On essaye de surmonter les craintes et les hésitations qui ont profondément gagné les populations. Vu l'importance que constituent ces deux dates symboliques, la Cadc et la Cicb ainsi que le comité de Bouira préparent activement la réussite de cet événement auquel est assignée la satisfaction des revendications contenues dans la plate-forme d'El-Kseur. Il sera également question d'exiger la libération des 57 délégués et manifestants encore en détention. Les marches du 20 avril prochain à Tizi Ouzou, Béjaïa et Bouira constitueront, à n'en pas douter, de véritables tests pour les ârchs de Kabylie. La réussite ou l'échec de ces manifestations déterminera dans une large mesure l'avenir immédiat de la région, d'autant plus que tout cela intervient à la veille de la plus importante échéance électorale, à savoir la présidentielle 2004.