Outre le pétrole de la région, les USA désirent reconfigurer à leur convenance toute la carte régionale. La fin de la guerre-éclair contre l'Irak semble avoir conforté les Américains dans leur vision et prospectives dans toute la région moyen et proche-orientale. Dopés par leur victoire rapide et facile contre les Irakiens, les Américains, qui n'ont pas cessé de menacer la Syrie depuis le début de ce conflit, viennent de franchir une étape nouvelle dans leur escalade, encouragée par Israël, contre le régime de Damas. En effet, le porte-parole de la Maison-Blanche, source autorisée de Bush, vient de déclarer que «la Syrie est un Etat terroriste. Ils (les Syriens) abritent des terroristes», ajoutant que ce pays «est véritablement un Etat voyou et cela est spécifié par sa présence sur la liste des nations terroristes établie par le département d'Etat». Dans un premier temps, des sanctions sont envisagées contre ce pays. Mais tout porte à croire que les Américains, qui suivent le même cheminement que celui qui avait prévalu pour l'Irak, vont ouvrir le front de la Syrie dans un avenir assez proche. Cela paraît d'autant plus certain que les informations, désormais, se bousculent sur les télescripteurs de presse. A l'heure où nous mettions sous presse, Washington ajoutait que «les Américains ont vu des tests d'armes chimiques en Syrie au cours des 12 à 15 derniers mois». C'est le prélude à un long calvaire qui finira inévitablement par la chute du pouvoir de Bachar Al-Assad, puisque les USA ont prouvé leur suprématie sur la planète entière, mettant même en avant de façon flagrante l'impuissance de l'ONU. Même les Anglais, par la voix de leur ministre des AE, Jack Straw, viennent de se joindre à la curée générale en accusant Damas de soutenir l'ancien régime de Bagdad et, même, d'abriter certains dirigeants en fuite. La Syrie, qui a déjà eu un avant-goût de ce que les Américains sont capables de faire et de l'incapacité des Arabes et des musulmans de lui venir en aide, a fermé ses frontières avec l'Irak en signe de bonne volonté, en attendant la suite des événements. La veille, les Américains s'étaient contentés d'accuser la Syrie de détenir ce genre d'armements prohibés, mais aussi de continuer à soutenir le régime de Saddam. Quelques jours auparavant, et tout au long du conflit contre l'Irak, ce pays, lui aussi dirigé par le parti Baâth, avait été ouvertement soupçonné de soutenir militairement Saddam. Les Américains, qui n'ont jamais caché leur volonté de «démocratiser» les Etats de cette région, mais aussi celle d'éradiquer le mouvement panarabique, ont forcément prévu dans leur «agenda guerrier» l'ouverture de fronts contre la Syrie, mais aussi contre la Libye et l'Iran. La Syrie, qui abrite les sièges de la plupart des mouvements extrémistes palestiniens, a maintes fois été qualifiée par Israël et ses amis américains de «parrain du terrorisme international». La Syrie a aussi été accusée d'avoir envoyé en Irak des combattants, mais aussi d'avoir laissé transiter par son territoire tous les Arabes et musulmans venus prendre part à la résistance contre l'invasion des troupes de la coalition. Ce pays, dont les monts du Golan sont occupés illégalement par Israël depuis la guerre de 67, est à portée de canon de Tsahal. Contrairement aux «menues» difficultés rencontrées pour faire tomber le régime de Bagdad, les Américains savent que la Syrie montrera bien moins de résistance, quand bien même elle aurait en sa possession quelques armes. A ce sujet, son ambassadeur auprès de l'ONU a vivement réagi aux accusations américaines pour les démentir en bloc avant d'ajouter que le bon sens et la légalité internationale voudraient que ce genre d'armements soit prohibé dans toute la région, et donc également enlevé à l'armée israélienne. La Syrie, seul pays arabe à avoir violemment critiqué la guerre américaine contre l'Irak, semble avoir dit le mot de trop en s'en prenant à Tsahal alors que, précisément, un des principaux objectifs des Américains dans la région est bien de sécuriser leur seul allié véritable dans la région, Israël en l'occurrence. Ce qui explique, du reste, que des pays comme la Libye et l'Iran figurent également sur la liste des régimes proterroristes, à abattre absolument suivant un calendrier précis et minutieusement étudié. Les Européens, eux, se sont contentés d'appeler Washington à la retenue. Un appel qui ne risque guère de peser lourd sur la balance puisque les pacifistes du «Vieux Continent», nettement majoritaires, y compris au Conseil de sécurité de l'ONU, n'avaient rien pu faire pour empêcher la guerre contre l'Irak. Les rapports de force ont encore évolué en 26 jours. Nettement au profit des faucons de la Maison-Blanche...