Réplique de la guerre américaine en Irak ou simple tactique dans sa confrontation séculaire avec les Etats-Unis, la Corée du Nord apporte, encore une fois, une donne supplémentaire dans le dossier de la prolifération nucléaire que les deux pays se disputent depuis plus de six mois. Celle-ci s'est traduite ces derniers jours par la déclaration soudaine émanant du ministère des Affaires étrangères nord-coréen «d'accepter toute forme de dialogue» avec Washington sur son programme nucléaire. Pyongyang a même affirmé être prêt à engager avec les Américains n'importe quel forme de pourparlers. Vite interprété par les médias occidentaux comme un «assouplissement», sinon un «fléchissement» des positions vues comme intransigeantes de ce pays sur cette question de la prolifération des armes nucléaires, certaines sources sud-coréennes ont rapidement conclu que c'est la victoire américaine en Irak qui a fait «plier» la Corée du Nord. Or, jusqu'à présent, ce pays exigeait un pacte de non-agression et des négociations strictement bilatérales avec les Etats-Unis sur le sujet, une condition rejetée par les Américains pour qui le programme nucléaire nord-coréen constitue ce qu'ils considèrent comme une «menace» pour la paix mondiale et doit donc être discutée dans un cadre multilatéral. Joignant la parole aux actes, Pyongyang a défié Washington allant jusqu'à menacer le territoire américain de représailles sans limites en cas d'éventuelles attaques militaires américaines contre ce pays. Reconnaissant avoir lancé un programme nucléaire clandestin en violation d'accords datant de 1994, la Corée du Nord a fait redémarrer par la suite sa centrale nucléaire de Yongbyon, a expulsé les inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (Aiea) et s'est retirée du fameux Traité de non-prolifération (TNP). Aussi, ce changement d'attitude de Pyongyang, si changement il y a, ne semble pas porter, selon les analystes, sur le fond du problème de la prolifération de ce genre d'armes, mais simplement sur les modalités des négociations et leur nature. Accueilli avec «intérêt» par les Etats-Unis qui y ont vu, selon le président Bush, des «progrès» dans l'impasse où était arrivée la crise, et avec soulagement par les pays de l'UE, le Japon et la Russie, l'équation nord coréenne est loin d'être résolue selon nombre d'experts. Pour ces derniers, la Corée du Nord est, dans le contexte international actuel, à la croisée des chemins dans la mesure où c'est en fonction de ses récentes déclarations que va dépendre en partie la direction dans laquelle va s'orienter cette crise du nucléaire nord-coréen qui dure maintenant depuis plus de six mois. Autrement dit, Pyongyang est obligé à très court terme de choisir entre devenir une puissance nucléaire et la survie du régime politique en place.