Un afflux sans pareil est signalé dans le Grand Sud algérien. Deux groupes de touristes de 75 et 39 personnes, hommes et femmes, en couples ou en solitaires, sont arrivés à Tamanrasset par avion, entre le 12 et le 15 avril derniers. Ces 114 ne prennent pas en compte la trentaine, dit-on, qui est arrivée par route il y a quelques jours, et séjourne dans la vaste région du Hoggar. Dès notre descente d'avion, hier, à l'aéroport de l'Agenar, nous avons eu la surprise de rencontrer un groupe de six à huit touristes français qui faisaient une randonnée en vélo entre la capitale du Hoggar et l'aéroport, situé à huit kilomètres à l'ouest de la ville. «Nous comptons rester encore ici jusqu'à ce que la France soit plus chaude», dit un des touristes en maillot de cycliste. A propos des touristes disparus, il ajoute: «Cela fait plusieurs années que je viens ici, et il n'est pas question que je change d'habitude. Les touristes qui ont disparu ont certainement emprunté des pistes dangereuses et se sont fourvoyés dans le vaste reg saharien. Je ne vois pas une autre explication à leur disparition. Je souhaite en tout cas qu'ils ne soient pas tous morts». L'afflux des touristes européens dans le Grand Sud est venu contredire tous les pronostics pessimistes sur l'avenir du tourisme dans la région et, selon les agences spécialisées que nous avons visitées, il y a fort à parier que l'afflux sera plus important les prochaines semaines. Evidemment, toutes souhaitent que les opérations de recherches entreprises par l'armée et la gendarmerie n'aboutissent pas sur un constat de kidnapping des 31 touristes européens par un groupe terroriste. «C'est l'unique cas qui peut mettre en péril, et pour plusieurs années, l'avenir du tourisme dans la région», dit le responsable d'une agence touristique à Tam. Le climat sec, la chaleur enivrante (il a fait 33° hier entre 12 et 15h, avec une légère brise) et les frissons que garantissent d'avance les vastes espaces vierges du Grand Sud sont les atouts qui jouent en faveur du tourisme local. Les autorités militaires et de la gendarmerie se montent plus perplexes. C'est la première fois que des cas de disparition d'une telle envergure sont enregistrés. Le millier d'hommes ayant investi le terrain à la recherche d'indices susceptibles d'aider à ébaucher la moindre thèse sur le sort des disparus, les moyens matériels mobilisés et les cellules de crise et de suivi mises en place renseignent sur le degré de gêne des autorités algériennes. Le mystère des 31 touristes disparus demeure entier. Pire, il grandit de jour en jour.