La Kabylie s'apprête à commémorer demain, un double anniversaire, celui du Printemps amazigh et celui du Printemps noir. Vingt-trois ans après avril 1980, la colère est toujours là, entretenue par la bêtise des uns, la rancoeur des autres et aussi par une profonde incompréhension, souvent assimilée à du mépris. Les douleurs d'hier se sont mêlées à celles d'aujoud'hui. Tizi Ouzou a ouvert ses bras aux manifestations culturelles du MCB et aussi au meeting du collectif des femmes du Printemps noir, jeudi, tandis que Beni-Douala s'est recueillie, hier, sur la tombe de Massinissa Guermah. Les murs de l'avenue Abane-Ramdane à Tizi Ouzou sont pleins d'affiches, les unes des ârchs appelant à la grève et à la marche pour le 20 avril et au recueillement à Beni-Douala, les autres, celles du MCB, annonçant la semaine de l'amazighité, entre les deux, des posters de délégués détenus surmontent une antienne: «Libérez les innocents, jugez les assassins!». Jeudi après-midi, soleil printanier sur la ville des Génêts, l'animation était assez particulière, la cité du 20-Août plus connue sous le nom de quartier la Cnep, était choisie par le collectif des femmes du Printemps noir, pour animer un meeting-gala, qui a rassemblé aussi bien des femmes que des hommes. Présent au meeting, Ferhat M'henni du MAK dira «ne pas avoir le coeur à chanter». Toujours est-il que les intervenants ont réaffirmé leur détermination à poursuivre la lutte jusqu'à la satisfaction pleine et entière de la plate-forme d'El-Kseur. Comme il a été souligné la nécessité de juger les assassins et de libérer les détenus innocents. Dans la même journée, à la Maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou, et sous la houlette du MCB, aile drivée par M.Ould Ali El-Hadi, dans le cadre de la semaine de l'amazighité, la poétesse et militante Hadjira Oubachir, a animé une conférence-débats sous le thème: «La femme et le combat identitaire». Rendant un hommage appuyé à la lutte de la femme qui «est une force culturelle», elle évoquera les années 70 et les universités de Tizi Ouzou et d'Alger, véritables viviers culturelles. A l'époque, devait rappeler la conférencière, «les filles ont réussi à sortir de l'anonymat tout un patrimoine culturel (...) ce qui a largement contribué à élever la culture amazighe au rang de culture national...». La conférencière a également rendu justice au groupe Djurdjura qui soulignait que «le combat amazigh est aussi celui des femmes (...) qui ont participé pleinement à toutes les étapes de la lutte...».