Les étudiants ont mis en exergue le fait que leur initiative n'est ni manipulée ni récupérable. Les étudiants d'Alger ont décidé de célébrer le double anniversaire du 20 Avril à leur manière. Hier à la Fac centrale des centaines d'étudiants se sont rassemblées dans l'enceinte universitaire à l'appel de l'ensemble des comités autonomes, collectifs et associations culturelles, tels l'Association Tahar-Djaout, l'Association estudiantine Kamel-Amzal, le Comité autonome des étudiants d'El-Harrach, etc. Les étudiants avaient programmé une marche vers le Palais du gouvernement, une initiative avortée par l'important dispositif sécuritaire déployé sur les lieux. «Nous ne sommes pas des assassins, nous sommes des étudiants», scandaient-ils, piégés dans l'enceinte. A l'entrée de la Faculté, les étudiants étaient passés au peigne fin. Ceux qui sont venus des autres universités pour s'associer à la manifestation n'avaient pas le droit d'y pénétrer. «Nous avons pourtant obtenu l'accord de l'administration pour notre action, mais il semble que cette dernière a reçu des instructions pour faire avorter notre mouvement», explique le représentant de l'Association de promotion de la jeunesse, qui nous informe par la même, que plusieurs bus transportant des étudiants ont été sommés de rebrousser chemin devant des barrages de police dressés sur les principaux axes menant à la Fac centrale. En dépit de tous «ces obstacles», les étudiants semblaient déterminés à marcher vers le Palais du gouvernement. «Nous allons marcher coûte que coûte», nous dira un étudiant. Fort heureusement, il n'y a pas eu de confrontation entre les étudiants et les forces de l'ordre, mais les slogans scandés ont été des plus virulents: «Ulac smah Ulac», «Jugez les assassins, libérez les détenus», «Jugez Zerhouni» «Si vous voulez la guerre, vous l'aurez.» Les manifestants ont déclaré que ce rassemblement est le fait de leur propre initiative «Nous ne sommes manipulés ni par le FFS, ni par le RCD, ni par le MCB, et nous refusons de l'être», affirme l'un des animateurs. Pour Amine, étudiant en troisième année d'interprétariat, «ces partis ont trahi la cause des 123 martyrs du Printemps noir. Pour nous, le mouvement citoyen est pour le moment l'unique alternative à l'échec des politiques.» Et d'ajouter: «Notre seule référence est la plate-forme d'El-Kseur scellée et non négociable.» Parmi les revendications soulevées hier, l'on notera: décréter le 20 Avril Journée nationale de la revendication populaire, reconnaître tamazight comme langue nationale et officielle, juger les responsables des assassinats, la libération immédiate et inconditionnelle des détenus du mouvement citoyen pacifique. Notons que la Fondation Matoub-Lounès a organisé un rassemblement au niveau de l'université de Bouzaréah.