«L'Etat algérien est sérieux». Cette phrase est revenue plusieurs fois dans la bouche de Khalida Toumi, ministre de la Communication et de la Culture et porte-parole du gouvernement lors d'un point de presse qu'elle a animé hier au CIP d'Alger. Elle a distribué du «sérieux» à tous les ministres dont le département est interpellé par l'une des questions de l'heure. Comme celle des touristes disparus dans le Sahara algérien. «Il faut rappeler que chaque fois que les touristes étrangers ont pris des guides des agences de la région, il ne s'est posé aucun problème», a-t-elle expliqué. «On ne peut parler, poursuit-elle, de ces choses-là avec légèreté surtout quand il s'agit de vie humaine. Le parc du Hoggar fait 400.000 km2, celui du Tassili 80.000 km2, rien que pour le Hoggar, sa surface fait autant que celle de la France, se perdre dans le Sahara n'est pas se perdre sur une plage.» Anecdote inédite : les noms de Mouloud Mammeri, grande figure de la cause berbère, et du préhistorien Slimane Hachi sont cités. Ces derniers ont failli se perdre lors d'une expédition archéologique dans le désert. «En une heure, le décor avait changé autour d'eux, les dunes avaient changé de place. Ils n'avaient dû leur salut qu'au service d'un guide targui qui savait s'orienter en regardant les étoiles», raconte Khalida Toumi. «L'Etat a mobilisé tous les moyens, la partie allemande a, elle-même, constaté le sérieux du travail mené sur le terrain, évidemment on n'exclut aucune hypothèse, mais on ne peut, pour l'instant, nous avancer sur une piste particulière», devait-elle préciser. «Les résultats des recherches seront rendus publics», promet-elle. Sur la question amazighe, dont le 23e anniversaire a constitué l'un des thèmes favoris, la porte-parole du gouvernement a rappelé les mesures qu'elle a annoncées la veille sur les ondes des trois radios nationales, à savoir primo: la création d'un centre national d'aménagement linguistique de tamazight. Ce centre «est la structure qu'attend le MCB depuis 1980». Il sera ouvert aux anthropologues, sociologues, linguistes, en somme aux compétences scientifiques qui auront pour mission de codifier et de standardiser cette langue. Le texte portant création de cet institut a été finalisé par le ministère de l'Education et va incessamment être transmis au Conseil des ministres. Secundo: les enseignants de tamazight sont désormais pris en charge. Sur les 28 cas, 26 ont vu leur situation régularisée. En outre, les directeurs de l'éducation ont été strictement instruits pour qu'ils se concertent et se réunissent avec les enseignants de tamazight. Tertio: la prochaine rentrée scolaire et universitaire verra l'ouverture au niveau des centres de formation des enseignants une filière de tamazight. Quarto: la commission nationale des programmes a été chargée de confectionner un contenu officiel pour les manuels scolaires en tamazight. En outre, répondant à une question sur l'affaire Khalifa, Khalida Toumi a déclaré d'emblée: «L'argent de Khalifa n'est pas l'argent des généraux. L'argent provient de dépôts d'organismes publics et privés». Et d'ajouter: «Seules la Banque d'Algérie et la justice auront à statuer sur cette affaire.» Selon elle «ce que rapportent les médias étrangers sur la question s'inscrit dans une campagne contre l'Algérie qui date d'au moins les années 90». Abordant la question des volontaires algériens qui seraient partis en Irak pour combattre la coalition américano-britannique, l'oratrice aura juste ces mots: «l'Etat algérien n'en a pas été saisi, jusqu'à maintenant on n'a aucune nouvelle pouvant attester de la chose.» Mais elle n'exclut pas l'éventualité que des Algériens se trouvant en Syrie aient émis le souhait de combattre. «Vous distinguez l'Irak de la Syrie, n'est-ce pas?» fait-elle à l'adresse des journalistes. Sur la pneumonie atypique, elle nous renvoie au ministre de la Santé qui a soutenu qu'il n'y a aucun cas de déclaré. Khalida Toumi prévient qu'«avec l'évolution de la société, on aura affaire de plus en plus à des maladies que nous ne connaissons pas».