Les interventions furent chargées d'émotion. Dans une salle comble et devant une assistance surtout formée d'étudiants, les acteurs d'Avril 1980 se sont retrouvés avec certains délégués des ârchs et des intellectuels et chercheurs en tamazight, pour une halte autour du Printemps 1980. Le Dr.Moh Stiet, représentant le groupe d'animation pour la modernité et le progrès, ancien responsable du FFS, côtoyait sans façon Arezki About, l'un des premiers détenus d'avril 1980, Ferhat M'henni, le leader du MAK, M. et Mme Ahmed Zaïd enseignants et chercheurs en tamazight et bien d'autres ont répondu à l'appel du MCB, aile drivée par M. Ould Ali El-Hadi. En attendant l'arrivée des invités, un récital poétique a été donné par des jeunes, notamment Djamila, Rosa, Farida et tant d'autres ont déclamé des oeuvres à la gloire d'Avril 1980, de Lounès Matoub et de Massinissa Guermah. Dans une langue belle à force d'être simple, les jeunes poètes ont su faire pleurer certains. Temps des rencontres, temps des souvenirs! Dans sa pluralité, la Kabylie s'était quelque peu retrouvée pour évoquer l'une des dates symboles de la lutte. Appelé en premier, Ferhat M'henni fut longuement ovationné par l'assistance, au même tire que les autres, peut-être, mais il faut souligner que certains sont «inconnus» des jeunes, du moins leur parcours. La jeunesse venait de découvrir d'anciens militants de la lutte pour tamazight. Les interventions des conférenciers furent, au moins, chargées d'émotion. En premier, Arezki About devait d'ailleurs dire de faire attention à l'oubli. Il insistera sur la dureté de la captivité et du combat alors. Comme il rappelle la longue lutte et le très long calvaire de l'un des premiers militants de tamazight: Mohamed Haroun. About déclare: «Il nous reste l'officialisation de la langue, le combat est encore long pour y parvenir.» Et d'ajouter: «On nous murmure que tamazight doit s'écrire en caractères arabes. Faut-il une décision étatique, bureaucratique ou plutôt académique?» Enfin, il évoque le fait qu'en avril 1980, «malgré les divergences qui animaient les militants, le combat était mené coude à coude. Alors que le 20 avril 2003 a été commémoré dans la division, lui qui a toujours été au centre de l'union dans la diversité...». Le Dr, Moh Stiet fera, quant à lui, un parallèle entre Avril 1980 et Avril 2001, comme il a apporté un éclairage sur Avril 1980. Le Dr Stiet a précisé qu'il représentait à cette «table ronde» le groupe d'animation pour la modernité et le progrès. L'intervenant engage tout le monde à réfléchir aux voies et moyens de parvenir à une société équilibrée, juste et en accord avec elle-même. Lui succédant, M.Salah Ahcène se dit effaré devant le manque de repères de la jeunesse. Comme il appelle à «dépasser ces divergences devant les périls». «Car selon lui, l'histoire ne pardonne pas (...) elle retiendra tout.» M. et Mme Ahmed Zaïd, enseignants et chercheurs en tamazight, interviennent, eux aussi, pour rappeler Avril 1980, appeler à l'union des efforts. M.Ahmed Zaïd rappelle les mânes des militants disparus. Rachedi M'hamed, Bacha Mustapha, Berdous Maâmar, Belghezli Achour, Rachid Chaker et tant d'autres. Quant à Mme Ahmed Zaïd, elle commence par évoquer une belle figure celle de Mouloud Mammeri: «En Avril 80 et avant, Mammeri était notre référence!» et d'ajouter: «Nos pères ont lutté pour l'indépendance, notre génération pour les libertés et la démocratie pour tous les Algériens!» Elle a également longuement évoqué le travail militant autour de la revendication culturelle. Intervenant à son tour, Ferhat M'henni, longuement ovationné, appelle, de son côté, à l'union pour la libération des détenus du mouvement. Lui aussi rappelle qu'«en 1980, malgré les divergences, nous travaillions ensemble pour des buts communes». Il cite les diverses étapes du mouvement national: 1926, 1946, 1954, etc. et de rattacher Avril 80 à ces étapes. Ferhat, avec des accents pleins d'émotion, a également insisté pour l'union dans la diversité. Les débats, aussi nombreux qu'intéressants, ont clôturé cette rencontre.