Le mauvais score des listes de la Mosquée de Paris à l'élection du Conseil français du culte musulman (Cfcm) a secoué le cocotier de l'autre côté de la Méditerranée. Quelles sont les suites et les conséquences de ce revers? A-t-on tiré les leçons qu'il faut? Et l'argent dilapidé de l'autre côté de la Méditerranée? A-t-on défini les responsabilités? Avant même d'apporter un semblant de réponse, le Président de la République a reçu le recteur de la grande mosquée de Paris, Dalil Boubakeur. Celui-ci se trouvait à Alger où il a pris part au colloque scientifique international sur l'Islam et l'Occident, à la faculté des sciences islamiques au Caroubier (Alger). Dans une déclaration à la presse à l'issue de cette audience, Dalil Boubakeur a indiqué qu'il a évoqué avec le chef de l'Etat le «devenir de la communauté algérienne en France, notamment après les dernières élections au Conseil français du culte musulman (Cfcm)», et qui posent, a-t-il dit, «de nouvelles données pour la communauté musulmane d'origine algérienne». La réception a été très mal perçue par la communauté musulmane algérienne en France, même si la première présidence du Cfcm est revenue au recteur de la mosquée de Paris en vertu d'un accord passé avant l'organisation du scrutin. C'était la condition officieusement imposée par la présidence française en cette année de l'Algérie en France. Cette réception a été aussi interprétée comme une façon de déjuger l'opinion de l'autre côté de la Méditerranée. Les résultats de la mosquée de Paris s'expliquent en partie par le faible taux d'organisation des musulmans d'origine algérienne, moins pratiquants que les Marocains. Mais ils apparaissent aussi comme un échec personnel de Dalil Boubakeur. Treize ans à la tête de la plus prestigieuse institution musulmane en France n'ont pas suffi à ce dernier pour effectuer un réel travail de terrain dans une population musulmane en plein bouleversement. Pris entre le souci de ne pas rompre avec l'Algérie, qui finance l'essentiel des activités de la grande mosquée, et celui de s'attirer les bonnes grâces des autorités françaises, le recteur s'est enfermé dans un jeu d'alliances. Une stratégie qui s'est avérée catastrophique pour l'Algérie et qui a fait le jeu de Nicolas Sarkozy, le ministre de l'Intérieur français. Les intellectuels musulmans ont peu à peu déserté les salles de réunion de la mosquée, les jeunes étudiants issus des banlieues n'en ont jamais trouvé le chemin.