Lié aux activités illicites, le marché informel - ou marché noir - demeure un indicateur de premier plan pour qui veut accéder à une certaine compréhension de l'économie algérienne. Quantifier le caractère «non observé», le «souterrain» de l'économie nationale est l'une des priorités que s'est fixé de réaliser l'Office algérien des statistiques (ONS). Dans un entretien à Algeria-Interface, Hamid Zidoumi, cadre au sein de cet organisme, a déclaré: «L'ONS envisage de mener une enquête auprès du secteur informel. Par cette opération, les pouvoirs publics visent à cerner, outre les rapports existant entre les secteurs informel et formel, à donner une idée plus précise des productions du secteur communément appelé marché noir.» Un volet sociologique est également prévu dans cette enquête, laquelle s'efforcera de répondre à la question du pourquoi de l'informalité. L'un des symptômes largement diagnostiqués de ce marché noir demeure bel et bien le rejet du chèque bancaire, jugé peu sûr par les opérateurs économiques qui préfèrent réaliser leur transaction en recourant au cash. Tout pour ainsi dire peut s'acheter et se vendre sans laisser la moindre trace. Le préjudice porté à l'Etat étant très important en termes de taxes non recouvrées. Le secteur informel en Algérie couvre 24 % des activités du PIB selon des sources proches de la Banque mondiale. Mais, estime-t-on, la part de «l'économie non observée» pour reprendre l'expression usitée par l'Organisation de Coopération et de développement économiques (Ocde) et du Bureau international du travail (BIT), peut être plus importante qu'il n'y paraît. Le secteur du Bâtiment et travaux publics (BTP) est le plus touché par les pratiques liées à l'informel à travers les constructions illicites et l'autoconstruction. A ce secteur viennent s'ajouter les activités commerciales dont la revente en l'état. La plus spectaculaire de ces activités liées à l'économie informelle demeure «l'importation non officielle» par les importateurs privés des biens de consommation. Tout le monde a à l'esprit ces histoires de conteneurs remplis de bouteilles de whisky ou de pièces détachées autos trouvés au port d'Alger. Ceux qui font ce genre d'opérations trouvent leur financement dans le marché parallèle des devises et non dans les caisses de l'Etat. Le secteur informel a aussi gagné des positions dans le domaine agricole et dans celui des mines et carrières où sont constatés les pillages de sable dans les plages. L'agroalimentaire n'est pas en reste avec la tendance observée surtout dans l'abattage à tenir au secret cette activité. Si les activités informelles sont nuisibles à l'économie, car s'inscrivant dans une logique de concurrence déloyale qui signifie autant de manques à gagner en fiscalité pour l'Etat, il n'en demeure pas moins que tant qu'elles existeront, elles ne peuvent qu'avoir de mauvaises répercussions sur le monde du commerce en particulier et de l'entreprise en général. On peut justement se poser la question de savoir comment inciter le secteur de la PME-PMI à plus de performance dans le sens souhaité de leur mise à niveau alors que leur environnement a besoin encore d'un sérieux assainissement. On sait par exemple qu'en ce qui concerne l'Algérie, beaucoup d'activités se passant «au noir» sont la conséquence de la non-disponibilité de locaux commerciaux. C'est dire combien le passage de l'économie informelle à une économie structurée et déclarée peut tenir qu'à la volonté des pouvoirs publics de s'en sortir.