Le dossier des 200 milliards d'impôts et la ligne de crédit de 260 millions de dollars seront déterrés et revus à la loupe dans le strict respect de la loi. Issad Rebrab a, à travers ses déclarations à El Khabar, mis le doigt dans un engrenage politico-judiciaire qui peut avoir de graves conséquences. La première réaction aux fracassantes révélations émane du sommet de l'Etat. En effet, le Président de la République a réuni avant-hier le Chef du gouvernement et le ministre des Finances. Cette information, rendue pu-blique par un confrère, nous a été confirmée, hier, par des sources concordantes. Celles-ci révèlent cependant, que le dossier Khalifa n'était pas le seul objet de la discussion entre les trois responsables de l'Etat. Le cas Rebrab a aussi été évoqué, et a accaparé une bonne partie des débats, qui ont duré près de six heures (de 11 à 17h). En effet, à en croire nos sources, les révélations portées sur la place publique par le quotidien arabophone à grand tirage, ne peuvent pas ne pas susciter des réactions des pouvoirs publics, alors que pour des comportements équivalents, voire moins graves, le Groupe Khalifa a été placé sous le contrôle des institutions de l'Etat. Pour l'heure, même si l'on ne connaît pas dans le détail la teneur des discussions lors de la réunion au sommet, on croit savoir, selon les mêmes sources, que les autorités compétentes en matière d'impôts, de lignes de crédits et de transactions douanières seront saisies pour vérifier sur le terrain les affirmations publiées par le journal El Khabar. Le dossier des 200 milliards d'impôts, la ligne de crédit de 260 millions de dollars, débloquée à un moment où l'Algérie vivait sa plus grande crise financière depuis son indépendance, seront, affirme-t-on de même source, déterrés et revus à la loupe dans le strict respect de la loi. Plus encore, on parle d'une prochaine saisine de l'administration douanière sur le sujet d'importations et autres transactions commerciales, réalisées dans une certaine opacité. Un dossier qu'on dit gelé, mais qui a toutes les chances d'être réactualisé, à la lumière des derniers développements. D'autant que toutes ces révélations ont intervenu à un moment où les autorités centrales entendent appliquer strictement la réglementation en rapport avec l'activité économique. En d'autres termes, il s'agit de faire appliquer la loi à tout le monde sans parti pris. Si l'Etat a sévi contre le Groupe Khalifa pour cause d'infraction à la réglementation, il se doit d'intervenir pour les mêmes motifs aux fins de corriger les comportements peu réglementaires de Issad Rebrab évoqués par le journal El Khabar. C'est en fait, la seule chose à faire pour éviter que de mauvaises langues évoquent «deux poids, deux mesures». Nos sources précisent, par ailleurs, que les pouvoirs publics sont confortés, dans leur volonté de ne pas laisser l'affaire sans réaction, par la réponse du quotidien au démenti. En effet, Ali Djerri, directeur de publication d'El Khabar, persiste et signe en affirmant clairement que Rebrab a effectivement tenu tous les propos publiés par son journal (lire ci-dessous l'entretien réalisé par B. Takheroubt). Une déclaration qui a valeur de témoignage et qui enfonce très sérieusement le patron de Cevital, notamment sur la question de son intervention directe dans le blocage du dossier Savola où, selon les journalistes d'El Khabar, Rebrab est personnellement intervenu pour arrêter la transaction qui consiste en le rachat de l'Encg par le groupe saoudien. Ne s'arrêtant pas en si bon chemin, le milliardaire a accusé le chef de l'Etat d'atteinte à la souveraineté nationale, ce qui passe pour une accusation d'une extrême gravité à l'encontre de la plus importante institution de la République. A ce propos, nos sources affirment que, bientôt, les dessous de l'affaire Savola seront mis sur la place publique et l'on s'attend à des révélations qui ne manqueront pas d'éclabousser beaucoup de personnages influents, voire pourquoi pas Rebrab lui-même. En effet, l'information rapportée par El Khabar, à savoir la proposition de rachat de son propre groupe faite par Rebrab au groupe saoudien pourrait, dit-on, se confirmer de manière éclatante. Mieux encore, il semble que de nombreux investisseurs arabes, qui ont fui l'Algérie après le traitement fait à l'affaire Savola, veuillent sortir de leur mutisme, ce qui n'arrangerait pas les affaires du milliardaire. En fait, la présidence de la République, en se saisissant de la désormais «affaire Rebrab», aura l'occasion de démontrer à l'opinion publique nationale et internationale, ainsi qu'aux opérateurs économiques, que l'Algérie est un pays où il n'y a pas de place aux comportements économiques déplacés, voire mafieux, si l'on tient compte des révélations rapportées par le journal El Khabar.