L'affaire de la terrible marche du 14 juin risque fort d'éclater incessamment à la face de cet homme d'«affaires»... Le journal El Khabar, comme il fallait s'y attendre, a laissé éclater sa colère, hier, à la suite de la parution de la mise au point de Rebrab dans les colonnes de son journal et dans laquelle il met en cause l'intégrité morale du premier journal du pays. Tel que rapporté dans notre édition d'hier, le journal a confirmé que Issad Rebrab a longtemps cru tenir toute la presse sous sa botte financière. La rédaction d'El Khabar en parle en indiquant que son invité, le quarantième et le seul avec lequel elle se trouve en graves mais stériles litiges, a, d'entrée de jeu, demandé au directeur de publication de revoir personnellement tous les papiers des journalistes, pourtant professionnels connus sur la scène médiatique algérienne. La première escarmouche aurait commencé à ce moment puisque Ali Djerri a répondu «ne pas être un gendarme pour contrôler au mot près ce qu'écrivent les journalistes d'El Khabar». Mais, confiant en le contrôle qu'il exerce sur la presse avec sa manne publicitaire, Rebrab a poussé le bouchon des «aveux» aussi loin que possible. Priant au passage la rédaction de ne pas citer les noms qu'il a prononcés. En dépit du fait que El Khabar se soit conformé à cette demande, Rebrab a jugé utile de démentir en bloc tout ce qu'il a dit, remettant en cause l'intégrité morale de tout le journal, se servant au passage de son propre titre pour tirer sur des confrères. La rédaction, excédée, touchée dans son honneur, a décidé d'aller vers des ripostes graduées. Hier, il a été question du «déjeuner offert aux journalistes dans le but, a-t-on supposé, de les amadouer et de les amener à n'écrire que des choses bien à son sujet». Rebrab, en connaissance de cause sans doute, a voulu mettre en pratique le vieil adage algérien qui veut que le «ventre se mette à chanter une fois qu'il est bien rempli». Mais la plus importante des révélations est liée à la terrible marche du 14 juin. Le journal révèle que «Rebrab a reconnu avoir demandé audience au ministre de l'Intérieur, Yazid Zerhouni, et au Dgsn, Ali Tounsi, à la suite des graves incidents qui avaient émaillé cette regrettable manifestation». L'homme d'affaires, qui voulait étouffer son implication directe dans ces incidents, s'est vu opposer une fin de non-recevoir de la part de ces deux responsables, comme il l'avoue lui-même. Ajoutant, ou confirmant au passage, avoir financé le transport des personnes à partir de Béjaïa en affrétant un train avec un chèque de 27 millions de centimes. Il reconnaît au passage, une fois advenus les graves dérapages que nous savons, avoir retiré son chèque et payé la somme en espèces puisque Rebrab sait mieux que personne que l'argent n'a pas d'odeur et que seuls les écrits restent. Qu'il reconnaisse avoir fait cela prouve bien que cet homme a le sentiment d'avoir mal agi et d'être passible de graves poursuites judiciaires. Toujours dans le but d'étouffer cette sombre affaire, Rebrab reconnaît même avoir fait pression sur les journaux, tous les journaux, afin de ne pas rendre publiques les déclarations faites par les délégués des ârchs de Béjaïa assurant les citoyens que le transport vers Alger était assuré grâce aux bons soins de Cevital, appartenant, est-il encore besoin de le souligner, à Issad Rebrab. A la lumière de toutes ces révélations, ce qu'il convient désormais d'appeler «l'affaire Rebrab» risque de connaître de nombreux et réguliers rebondissements. Cet homme, parti de rien et arrivé à la tête d'une immense fortune, aura à répondre de tous les dossiers demeurés en suspens depuis bien longtemps. Les instructions données en ce sens par les plus hautes autorités du pays aux institutions compétentes en sont une parfaite garantie. Force doit revenir à la loi et à la morale...