Bagdad a été hier, le théâtre de la première réunion de l'ex-opposition sous la supervision de l'administrateur civil américain. Des centaines d'anciens opposants de tous bords se sont réunis, hier, à Bagdad pour tenter de faire émerger une nouvelle direction après la chute de Saddam Hussein dont l'anniversaire le 28 avril, était célébré, jusqu'ici, avec faste. Quelque 300 à 400 ex-opposants irakiens étaient au rendez-vous, hier, à Bagdad. Cette réunion élargie a été présidée par l'administrateur civil du pays, le général américain à la retraite Jay Garner. C'est la première réunion de ce genre dans la capitale irakienne. Une réunion de même type s'est tenue, le 15 avril dernier à Ur, près de Nassiriyah dans le sud de l'Irak, et avait adopté une déclaration en treize points en faveur d'une évolution vers la démocratie et la mise en place d'un Etat de droit en Irak. Après la lecture de versets du Coran, la séance d'ouverture a été marquée par une brève intervention de l'envoyé spécial américain pour l'Afghanistan et l'Irak, M.Zalmay Khalil Zad. Par ailleurs, il faut noter que le secrétaire d'Etat à la défense était, hier, au Qatar. Il a entamé une tournée dans le Golfe qui le mènera, selon les conditions, en Irak. Le programme de Rumsfeld est tenu secret, mais sa présence sur le terrain, ont relevé les observateurs, pèsera de tout son poids dans le choix du futur gouvernement transitoire. Pour sa part, le commandant en chef des forces de la coalition qui accompagne Rumsfeld a indiqué qu'il «y aurait probablement un réaménagement» dans la présence militaire américaine dans cette partie du monde, maintenant que l'Irak ne constitue plus une menace. Aussi, il faut noter que la veille de cette réunion, les forces américaines ont annoncé l'arrestation dans la capitale irakienne de Mohammed Mohsen Zoubeidi, «gouverneur» autoproclamé à Bagdad, et en ont profité pour réaffirmer qu'elles sont «la seule autorité légitime» dans ce pays. M.Zoubeidi, un Irakien récemment revenu d'exil et membre du Conseil national irakien (CNI) d'Ahmed Chalabi «entravait les efforts de la coalition destinés à remettre les Irakiens au travail et exerçait une autorité qu'il n'a pas», a indiqué le Centcom, basé au Qatar. Pour le chef en exil du Mouvement monarchiste irakien, cette arrestation est «injuste» ce qui n'est pas l'avis du CNI qui a pris ses distances avec son ancien collaborateur. «Le message est que les militaires américains ne veulent pas que des Irakiens indépendants participent à la restauration des services publics en Irak», déclare le dirigeant du MMC (Mouvement monarchiste constitutionnel). Dans cette atmosphère d'anarchie, l'administration provisoire américaine a annoncé la mise en place prochaine d'une équipe d'experts irakiens, dont quelques-uns ont servi sous l'ancien régime, afin de faciliter la remise en route de la gestion de Bagdad. «Notre objectif est non seulement de remettre la ville dans l'état où elle était avant-guerre, mais aussi de l'améliorer», a indiqué Barbara Bodine, la diplomate américaine chargée du secteur du Centre de l'Irak au sein de l'administration provisoire. Contrairement au «satisfecit» des forces coalisées, la population, en majorité chiite, a organisé une marche à Bagdad à l'appel de ses dirigeants religieux qui soupçonnent les Américains de vouloir former un gouvernement qui leur soit subordonné. Ces milliers de chiites, massés au centre-ville, exigent «un nouveau congrès» qui décidera de l'avenir de l'Irak. «Nous voulons un congrès national irakien qui, dans un temps très court, ouvrira la voie à toutes les forces politiques dont la Hawza, pour former un gouvernement provisoire», scandent les manifestants. Finalement, la tâche s'avère rude pour les Américains à trouver un consensus entre les différentes factions qui se disputent le Pouvoir. Les Américains auront-ils toute latitude pour imposer leurs points de vue d'une part et répondre aux aspirations et attentes du peuple d'autre part? La réunion des opposants permettra, sans aucun doute, de jauger les capacités de l'opposition irakienne, mais aussi d'agir avec souplesse pour que l'Irak retrouve son visage d'antan.