Au moment où l'ONU sort quelque peu la tête de l'eau, les tribus chiites s'invitent au processus politique. Sur fond de violence, deux soldats américains ont encore été tués hier par la résistance irakienne, la coalition tente, plutôt mal que bien, de redynamiser les options politiques prises pour les Irakiens. C'est ainsi, que l'administrateur en chef américain, Paul Bremer, a enfin autorisé une réunion du Conseil des sept qui doit étudier la mise en place d'un Conseil de gouvernement transitoire dont l'absence se fait de plus en plus préoccupante dans un pays en vacance de pouvoir depuis la chute de Saddam Hussein. Les assises du Conseil se sont tenues hier en présence de Paul Bremer, lequel n'hésitant pas sur les superlatifs a estimé qu' «aujourd'hui (hier) est un jour très important pour Bagdad. Il est peut-être le jour le plus important depuis le 9 avril (chute de Saddam Hussein)», affirmant «cette journée marque le retour d'un régime démocratique à Bagdad, qui était inexistant depuis trente ans» selon lui. Sans doute, reste à voir la suite, d'autant plus que les difficultés que rencontre la coalition en Irak ont forcé les Américains a bridé un peu leur cavalier et à écouter un peu plus leurs alliés et autres Nations unies. C'est sur la «suggestion» du représentant de l'ONU, Sergio Vieira de Melo, que Paul Bremer a finalement accepté de donner un rôle plus en rapport avec la réalité irakienne, au Conseil du gouvernement de transition qu'il voulait seulement consultatif. Ainsi, longtemps marginalisée l'ONU retrouve peu à peu le rôle qui aurait dû, qui devait, être le sien. De fait, dans une déclaration à la presse, M.Vieira de Melo a indiqué que «L'administrateur en chef américain, Paul Bremer a écouté certains conseils, que nous, entre autres, lui avons donnés. Il a mis de l'eau dans son vin et a transformé petit à petit le Conseil qui, au départ, n'était que consultatif en conseil auquel il est disposé à déléguer un certain nombre de pouvoirs». Ce qui fait dire à un responsable de l'ONU, «Ils nous écoutent désormais, y compris dans le choix des hommes». Et pour cause ! Les Américains ont dû limoger le gouverneur de Najjaf, qu'ils ont eux-mêmes nommé, qui s'est avéré être un affairiste et un corrupteur. Donc, outre leurs difficultés au plan militaire, les Américains éprouvent beaucoup d'embarras à mettre sur pied un gouvernement pour diriger un pays dont le pouvoir est vacant depuis trois mois. Le Conseil des Sept réuni, hier, à Bagdad devait étudier un certain nombre de dossiers liés à la gestion de l'après-Saddam Hussein. Ainsi, selon un responsable du PDK de Massoud Barzani,: «Les participants à la réunion doivent évoquer de nombreuses questions importantes, en premier lieu la formation d'un Conseil de gouvernement transitoire et d'une Commission constitutionnelle», seront également abordés, selon la même source, «La situation en Irak et l'avenir sécuritaire et économique du pays». Toutefois, de nouvelles forces entrent dans la danse: les tribus chiites qui réclament leur part dans la gestion du pays, voulant plus que jamais prendre part au processus politique en cours. Ainsi, le président du «Congrès démocratique des tribus d'Irak» Ghaleb Al-Roukabi, affirme «Les forces américaines ont échoué au cours des deux derniers mois à mettre sur pied une autorité intérimaire irakienne. Aujourd'hui, elles doivent réaliser que pour réussir, il est important de consulter les Irakiens». soulignant par ailleurs «La constitution, l'ordre et la loi, l'organisation d'un congrès politique sont autant de questions dont la responsabilité incombe aux Irakiens et non aux Américains». De fait, les Américains reviennent de l'euphorie de leur «victoire» et chaque jour la réalité du terrain dément les a priori qu'ils ont pu se faire sur ce pays et son peuple.