«Toute action économique devra désormais faire de la sécurité et de l'épanouissement des citoyens le point central de ses préoccupations.» Le Président Bouteflika a plaidé «pour un dialogue social ouvert et responsable» dans son discours adressé au secrétaire général de l'Ugta. M.Abdelmadjid Sidi Saïd, à la veille de la célébration de la fête du 1er Mai. Ce dialogue ajoute le chef de l'Etat, «doit concilier efficacité économique et cohésion sociale, ouverture économique et solidarité entre les Algériens». Autrement dit et à en croire cet engagement du Président, aucune réforme ne devra être entreprise sans la concertation avec les partenaires sociaux à leur tête l'Ugta, cette dernière faisant partie «des institutions qui ont contribué à forgerl'histoire de l'Algérie et qui aujourd'hui, s'associe à nos efforts pour la construction d'une société algérienne tournée vers un avenir de paix et de développement». Aussi, croit-on comprendre, toute action économique devra désormais faire de la sécurité et de l'épanouissement des citoyens le point central de ses préoccupations. A travers ces mises au point, le Président donne la nette impression de vouloir rassurer l'Ugta qui continue, quant à elle, de stigmatiser une démarche économique qui ne semble pas tenir compte de son avis. Le chef de l'Etat, sans doute conscient du poids de la Centrale syndicale, affirme que «les actions militantes des travailleurs s'inscrivent dans le combat que nous menons tous pour construire notre pays sur des bases solides», parce que «c'est ensemble que nous devons remettre en place les structures de notre société». Un message qui se veut conciliant explicitant une volonté de rompre avec le dialogue de sourds ayant caractérisé la relation entre l'Ugta et l'Exécutif et qui s'est traduit par la radicalisation du syndicat majoritaire, à travers l'organisation de la grève générale de deux jours (25 et 26 février). Une grève considérée, par certains observateurs, de politique. Doit-on considérer pour autant la réponse de Bouteflika comme une réplique politique à la grève générale de l'Ugta, un syndicat qui revendique par la voix de son SG «un mandat de quatre millions de travailleurs». Ce chiffre constitue-t-il une source de convoitise à une année de la présidentielle? Selon les observateurs, ce pas entrepris par le Président à l'adresse des travailleurs est susceptible d'estomper un tant soit peu la tension et d'éviter le recours à une deuxième grève. Cependant, la détente souhaitée par l'Exécutif et l'Ugta est conditionnée par l'application sur le terrain de la volonté de Bouteflika et de Benflis de donner au dialogue et à la concertation toute leur dimension. En d'autres termes, le monde du travail est en attente d'actions palpables qu'entamera l'Exécutif dans les tout prochains mois. Pour le moment, plusieurs dossiers demeurent en suspens, laissant perdurer le conflit entre les deux parties. L'on citera l'avant-projet de lois sur les hydrocarbures, gelé par le gouvernement, mais dont l'organisation de Sidi Saïd réclame purement et simplement le retrait, le processus de privatisation des entreprises publiques. Le Président ira-t-il jusqu'au limogeage des ministres contestés par l'Ugta pour réussir son alliance avec un partenaire de luxe fort «de quatre millions de travailleurs»? En tout état de cause la donne Ugta semble être prise très au sérieux par le pouvoir à moins d'une année de l'échéance présidentielle. Le Chef du gouvernement a, pour sa part, profité de l'anniversaire du 1er Mai pour affirmer «la détermination et la volonté de l'Exécutif à poursuivre le processus des réformes économiques dans le cadre d'une étroite concertation avec les partenaires économiques». Ainsi, à 24 heures d'intervalle, les deux plus importants responsables de l'Exécutif ont fait une sérieuse offre de dialogue au partenaire social. Reste à connaître la suite à cette volonté d'apaisement affichée par le Président de la République et son Chef du gouvernement à l'adresse d'un partenaire qui a largement montré, tant sa disponibilité au dialogue que sa détermination à ne pas laisser des ministres décider seuls de l'avenir de la nation. Il est clair que l'élection présidentielle n'est pas étrangère à cette démarche de l'Exécutif.