Pour Sidi Saïd, les messages du Président et du Chef du gouvernement sont «les bienvenus». Comme annoncé dans nos précédentes éditions, le secrétaire général de l'Ugta a tenu à célébrer la Fête internationale des travailleurs loin des «fastes» officiels dans un endroit assez reculé de l'ouest du pays, à Aïn Témouchent, durement touchée par un séisme, il y a de cela quelques années. Abdelmadjid Sidi Saïd, dans une déclaration enflammée, faite devant un large parterre de travailleurs et de cadres syndicaux, a appelé «au dialogue et à la concertation». Une manière de dire que la Centrale ne va pas forcément vers le durcissement de ton, et ne le fera que si on l'y force, en en faisant assumer les conséquences à ceux qui s'en seront rendus responsables. Dans la salle, les voix étaient très nombreuses, nous rapportent des sources, qui s'élevaient pour exiger «l'arrêt immédiat du plan de privatisation tel que conçu par Hamid Temmar et, pourquoi pas, son éviction pure et simple puisqu'il n'a pas dévié d'un iota sa politique en dépit de tous les problèmes qu'elle a induits sur les plans social et économique et des échecs à répétition». Aussi, Sidi Saïd a-t-il tenu à se montrer on ne peut plus clair, «le dialogue oui, mais pas à n'importe quel prix, ni avec n'importe qui», «le tout, a-t-il poursuivi, dans le strict respect des lois de la République». Le dialogue, que toutes les parties donnent l'air de vouloir promouvoir afin d'éviter de nouveaux bras de fer aux conséquences très lourdes sur la stabilité économique et sociale du pays, devra toutefois, aux yeux de la Centrale, être «constructif et fructueux». C'est pourquoi, tous les espoirs restent fondés sur la prochaine bipartite. Tout est mis en oeuvre, apprend-on, dans le but de faire de cette rencontre une réussite éclatante. L'Ugta, dans cette quête, est mue par le fait que les erreurs lui sont désormais interdites depuis la réussite éclatante de sa grève des 25 et 26 février derniers. Le pouvoir, lui, est tenu de ne plus commettre le moindre faux pas alors qu'il se trouve à quelques encablures de la présidentielle. D'abord, pour ne pas prêter le flanc aux éventuelles critiques de ses adversaires politiques. Ensuite, pour tenter de s'allier, sinon le soutien, du moins la neutralité de la toute-puissante Centrale syndicale. Le dialogue doit d'autant plus être porteur et fructueux, explique Sidi Saïd, rappelant au passage les énormes sacrifices de la Centrale, que la force de l'Ugta «en fait un partenaire solide et incontournable qui lui fera systématiquement refuser tout fait accompli» au moment où les «acquis devront être palpables sur le terrain». Le patron de l'Ugta, devant une salle chauffée à blanc, a également revendiqué plus de «justice sociale en répartissant équitablement les nombreuses et importantes richesses du pays sur l'ensemble des citoyens». Abdelmadjid Sidi Saïd est également revenu sur les messages du Président Bouteflika et du Chef du gouvernement Benflis pour l'ouverture d'un dialogue franc et constructif avec le partenaire social. Il a déclaré, au nom des quatre millions de travailleurs qu'il représente, «respecter ces appels et déclarer bienvenu tout dialogue réellement constructif». Cette insistance sur la sincérité du dialogue, nous disent des sources, repose sur le fait que la Centrale a très souvent été flouée par le ministre de la Participation et de la Coordination des réformes et qu'elle est désormais résolue à ne plus jamais se laisser faire. Le dialogue, qui n'a jamais été totalement rompu, a pris beaucoup de temps précisément parce que les deux parties savent que c'est leur dernière chance de bien faire les choses. L'ensemble des groupes mis en place à cet effet devrait achever ses travaux à la fin du mois en cours. La bipartite, elle, aurait lieu le mois prochain. Des annonces de la plus haute importance pour le monde du travail seraient attendues même si personne n'est à l'abri d'un quelconque coup de théâtre. Nous y reviendrons.