La Centrale syndicale n'exclut pas le recours à une nouvelle grève générale. “Nous privilégions jusqu'à l'extrême limite le dialogue. Faute de quoi, l'UGTA se verra dans l'obligation de recourir encore une fois à des formes et des moyens de lutte plus percutants et plus persuasifs que ceux qu'elle a organisés tout récemment”, annonce la Centrale syndicale dans une lettre aux travailleurs à l'occasion du 1er Mai. Diffusé hier, ce message s'adresse beaucoup plus aux pouvoirs publics qu'aux salariés. Il exprime la détermination de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA) à maintenir la pression jusqu'à l'aboutissement de ses revendications. Les formes de protestation qu'elle préconise vont au-delà d'une grève générale de deux jours telle qu'elle a été organisée en février dernier. Cette fois-ci, la Centrale syndicale menace d'employer des “moyens de lutte plus percutants et plus persuasifs”. Ira-elle jusqu'à bloquer le pays pour une plus longue durée ? En tout cas, l'avertissement est clair. Dans son intervention, lundi, devant les syndicalistes du secteur de l'agroalimentaire, Abdelmadjid Sidi Saïd, secrétaire général de l'UGTA, s'est montré résolu. “Nous leur disons : arrêtez ce début de massacre. S'ils n'arrêtent pas, nous prendrons nos responsabilités”, a-t-il menacé. En février dernier, la Centrale syndicale avait réussi son pari en paralysant l'Algérie pendant quarante-huit heures (25 et 26 février). Jusqu'à la dernière minute, beaucoup ont pensé qu'elle y renoncerait. Ce ne fut pas le cas. Contestant la politique des réformes et des privatisations engagée par le gouvernement, cette organisation syndicale, la plus puissante dans le pays, a fait montre d'une mobilisation sans faille. Le taux de suivi record de la grève générale avait atteint plus de 90%. Cependant, loin d'atteindre ses objectifs, cette action de protestation est pratiquement restée sans écho. Le Chef du gouvernement ? Ali Benflis a certes appelé l'UGTA au dialogue, mais son offre est restée sans suite. De toute façon, l'UGTA s'est toujours bien gardée de le prendre pour cible. Ce sont les ministres proches du président de la République, notamment ceux de l'énergie et des Réformes, qui subissent régulièrement les foudres de Sidi Saïd. Dimanche encore, le patron de la Centrale syndicale s'en est violemment pris à Hamid Temmar, ministre de la Participation et de la Promotion des réformes. “Il y a au niveau des membres de l'Exécutif, dont Temmar, une tentative réelle de casser le secteur public. Le gouvernement est tenu de mettre cet homme à sa place”, s'est-il écrié. Lui déclarant une guerre ouverte, Sidi Saïd a appelé les travailleurs à faire de la résistance. “Qu'ils l'arrêtent, sinon les travailleurs l'arrêteront”, a-t-il averti. Concrètement, le passage à l'offensive se fera dans un premier temps à travers l'initiation de grèves sectorielles, promet le SG de l'UGTA. Durcira-t-il à nouveau le ton en décrétant une seconde grève générale ? C'est à Aïn Témouchent que Sidi Saïd a choisi cette année de célébrer la fête des travailleurs. Peut-être y fera-t-il une annonce. S. L.