Quand on découvre un bon filon, il faut l´exploiter jusqu´au bout de la veine, et c´est bien le cas de le dire quand il s´agit de vampires. Le commun des mortels étant toujours préoccupé par ce qui est censé se passer après la mort, est toujours angoissé par les histoires d´outre-tombe. La mort n´étant pas un sujet agréable, que ce soit pour la discussion ou le spectacle, c´est la littérature qui s´en est emparée la première fois. Et c´est dans les pays de la brume, que ces histoires de revenants sont nées. L´Allemagne, puis l´Angleterre sont les pays où ces mythes ont proliféré, d´où leur nom d´histoires gothiques. Bien que le premier personnage de Dracula donné par le cinéma soit une silhouette décharnée, chauve et repoussante (Nosferatu de F.W. Murnau) avant d´aller comme un gant à la silhouette inquiétante de Bela Lugosi. Cependant, le suceur de sang deviendra un séducteur hors pair avec le profil aristocratique de Christopher Lee qui n´est pas sans rappeler celui d´un ancien ministre de Boumedienne. Le décor est planté: un vieux château, des souterrains avec des toiles d´araignées, un vieux cercueil qui s´ouvre avec un grincement sinistre d´où émerge un homme drapé d´une cape noire doublée de rouge. Il se transforme en vampire (chauve-souris d´Amérique du Sud qui se colle au cou des animaux pour s´abreuver de leur sang) et va à la recherche d´une victime qui est souvent, comme par hasard une innocente jeune fille, vêtue d´un déshabillé arachnéen qui ne laisse pas douter de ses charmes. Une lutte va s´engager entre le bien qui allie en même temps science et religion (c´est le docteur et le curé) et le mal représenté par le vampire. La croix ou l´ail sont les accessoires nécessaires pour neutraliser cette maléfique créature qui finira la poitrine percée d´un pieu ou réduit en cendres par un feu purificateur. Mais Dracula n´est pas mort. Il a essaimé partout des incubes et des succubes. C´est pour cette raison qu´il se modernise et envahit de nouveau les deux écrans. Il a traversé l´Amérique et inquiète les nouveaux maîtres du monde. C´est pour cette raison qu´Hollywood a formé des chasseurs spécialisés de ces vampires qui circulent dans des limousines, dorment dans des cercueils capitonnés et hantent les autoroutes, les boîtes de nuit ou les hôpitaux où l´hémoglobine coule à flot. Il n´ont plus le charme de Christopher Lee: ils ont des déformations qui rendent hideux leur visage. Ils ne sont plus solitaires mais sont organisés comme une société anonyme par actions (mauvaises) ou comme une famille maffieuse (Blade) soucieuse de l´intérêt du groupe. Les décors ne font plus rêver et l´action est réglée par des séquences de lutte dignes d´un film de karaté. Buffy contre les vampires est la série culte qui illustre cette éternelle lutte du Bien et du Mal. Quand au XVIIIe siècle ont commencé à circuler ces histoires de vampires en Europe, Voltaire, dans un grand éclat de rire, a dit: «Les seuls vampires qui existent, sont les banquiers qui sucent tous les jours, le sang des autres».