Les deux questions sont indissociables. C'est avec des slogans, pour ne pas dire des mots d'ordre tels que «libérer la presse» ou encore «levez l'état d'urgence» que la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (Laddh) a organisé, hier, dans les locaux de son tout nouveau siège, une rencontre avec les gens de la presse nationale pour débattre du thème des relations entre les droits de l'Homme et la presse. Se déroulant à l'occasion de la Fête du travail (le journaliste est aussi un travailleur) et de la Journée internationale de la liberté de la presse et de la libre expression, cette rencontre a été animée par le président de la Laddh, M.Ali Yahia Abdennour, assisté par Me Mustapha Bouchachi, avocat agréé près la Cour suprême. Des représentantes des familles de disparus étaient également présentes. Entrant dans le vif du sujet, le président de l'organisation non gouvernementale de défense et de promotion de la question des droits de l'Homme en Algérie a, d'emblée, clamé que «si la presse ne défend pas cette question, il ne saurait y avoir de droits de l'Homme» dans notre pays. Pour M.Ali Yahia Abdennour« les droits de l'Homme sont au-dessus de tout, car il s'agit de défendre la personne humaine et ses droits et non ses convictions». Abordant les relations entre cette question et la presse, le président de la Laddh s'est posé toute une série d'interrogations dont les plus pertinentes concernent le type et la nature du rapport entre les deux thèmes. Selon lui, il s'agit avant tout de savoir d'abord le degré d'indépendance réelle de la presse vis-à-vis des cercles officiels ou occultes du pouvoir et de l'argent et peuvent-ils se conjuguer ensemble? Ensuite, il s'agissait de connaître si «la presse est vraiment la gardienne de la liberté d'expression». En d'autres termes, la presse, sous sa forme et son contenu actuels, contribue-t-elle à informer l'opinion publique et de surcroît à véhiculer et promouvoir certaines valeurs morales et au premier chef, celle du respect des droits de l'Homme? Arrivé à ce lien dialectique entre les deux thèmes, la question subsidiaire, mais néanmoins très fondamentale, qui se pose aux yeux du président de la Laddh, est de savoir «de quelle arme disposent les droits de l'Homme pour alerter l'opinion publique, si ce n'est la presse» sur d'éventuelles violations dans ce domaine. Passant en revue ces dernières, l'animateur de la rencontre a estimé que les atteintes à la liberté d'expression viennent et du pouvoir et de la presse à travers la censure ou l'autocensure. Mais le leitmotiv de Me Ali Yahia Abdennour demeure la formule suivante : «Les droits de l'Homme doivent être non seulement enracinés dans la société mais également respectés par tous».