La Caisse française de garantie de l´assurance crédit à l´étranger, la Coface, n´y va pas avec le dos de la cuiller en traitant de l´environnement des affaires en Algérie et la pratique du terrain. Les mots employés pour qualifier la situation de l´investissement en Algérie ne sont pas seulement durs. Ils tombent comme un couperet. Un bourreau ne ferait pas mieux. Corruption, opacité, faiblesse et absence de l´Etat, bureaucratie, autant de contraintes qui sont aggravées par les problèmes du foncier, de l´inefficacité du secteur bancaire et des opérations d´échange, l´impossibilité de transférer les bénéfices. Ces différents facteurs sont un indice du manque de visibilité qui caractérise l´économie algérienne, où l´informel règne en maître, gangrenant tous les secteurs, avec des complicités avérées dans de nombreuses institutions de l´Etat. Cela ne veut pas dire que tout est noir au tableau. La Coface remarque, au cours d´un colloque organisé à Paris, que l´Algérie a des atouts et des potentialités. Et ils sont nombreux. Il y a d´abord dans les caisses de l´Etat 34 milliards de réserves de change. Ensuite, le marché est prometteur. Il est en pleine expansion. Mais il y a aussi le recul de la violence, malgré quelques poches de résistance. La dernière élection présidentielle pluraliste, qui s´est déroulée dans de bonnes conditions, a permis d´asseoir sur de bonnes bases la stabilité du pays et des institutions politiques, ce qui n´est pas négligeable pour les détenteurs de capitaux et les firmes occidentales qui sont intéressées par l´investissement en Algérie et qui ont besoin d´avoir´ en face d´elles des interlocuteurs légitimes et non contestés. Malgré tout, la Coface annonce qu´elle a révisé à la baisse le risque pays Algérie, sans que cela se traduise sur le terrain, puisque l´Algérie est toujours classée à la catégorie B (risque élevé), un classement plus pessimiste que celui des caisses allemande Hermes ou italienne Sace. Mais ce qui fait le plus peur aux opérateurs français, c´est le laxisme des autorités, rejoignant en cela le jugement du rapport de Transparency International qui relève «Le laxisme des autorités et le degré alarmant du manque de pouvoir de l´Etat». Cependant, la remarque la plus intrigante, venant d´une institution censée encourager le secteur privé, a trait justement au fait que la note de risque est plus élevée pour les entreprises privées algériennes que pour leurs consoeurs publiques, comme Sonatrach. La raison invoquée est que les premières ne travaillent pas dans la transparence. Voilà donc, tout le bel édifice d´une Algérie en marche vers l´économie de marché s´écroule comme un château de cartes. Les fleurons de notre industrie privée ne valent pas mieux que tous les autres segments du secteur informel. Pendant ce temps, le gouvernement continue de mettre des bâtons dans les roues du secteur tertiaire, qui est celui des services, du tourisme, de l´hôtellerie et de l´artisanat, ainsi que celui des banques et des nouvelles techniques de la communication et de l´information, alors que c´est le secteur qui est en pleine croissance partout dans le monde. Il n´y a qu´à voir les progrès réalisés en deux ans seulement par Orascom, dans le secteur des télécoms. Mais c´est tout ce secteur qui doit rester ouvert à la concurrence, y compris celui de l´audiovisuel, de la publicité, de la presse magazine, en permettant l´installation de nouvelles imprimeries privées capables de hisser l´économie algérienne.