L'Agence d'assurance crédit de l'Hexagone a été “échaudée” par l'affaire Khalifa. La Coface, l'agence d'assurance crédit française, a organisé le mardi 22 juin à Paris, une rencontre intitulée : “Algérie 2004, clés pour exporter et investir, environnement des affaires —éléments de pratique” terrain— à laquelle ont participé de grosses pointures : en particulier Bnp Paribas, Société Générale, Natexis, Thalès, Alstom et curieusement des filiales françaises de banques allemandes telle que la Bayerische Bank. Ce qui s'est dit sur la situation politique et économique du pays surprend. Les participants à cette rencontre informelle s'accordent à relever d'abord que l'Algérie retrouve sa stabilité politique. “Le président Bouteflika a été bien réélu. Si cela avait été Benflis, son élection aurait été également perçue comme un facteur de stabilité politique. Le phénomène du terrorisme en Algérie ne constitue plus une préoccupation pour ces entrepreneurs. Il est quasiment résorbé. Même s'il reste des poches du GSPC encore actives”, confie un invité à la manifestation. L'explosion de la centrale électrique du Hamma toute fraîche a été évoquée avec les mêmes interrogations sur ses origines. Mais n'a pas altéré ce consensus. Au plan économique, les participants ont unanimement relevé l'amélioration de la situation financière du pays : des réserves en devises de 34 milliards de dollars, le fort excédent de la balance commerciale, du compte courant. L'environnement législatif est incitatif à l'investissement. Mais, ils relèvent les lenteurs dans la mise en œuvre des privatisations. Ayant en tête les résistances syndicales et le tollé en France à la privatisation d'EDF, ils comprennent cependant, les raisons pour lesquelles les autorités temporisent, en matière de vente des entreprises publiques. Paix sociale oblige. L'Algérie n'est plus la pestiférée de la décennie noire Il ressort de la rencontre qu'il n'y a plus de risque Algérie. L'agence d'assurance crédit Coface, très influente concernant l'Algérie sur les autres sociétés occidentales de garantie des crédits, a nettement amélioré ces dernières années le classement du risque Algérie. Note pays n'est plus le pestiféré des années 90, au paroxysme de la violence des groupes armés. Elle n'est plus infréquentable. Ce qui veut dire, aujourd'hui, que les investisseurs français sont encouragés à s'engager dans le pays. Mais, comment se fait-il que la Coface pour l'année 2004 ait classé l'Algérie à la catégorie B, c'est-à-dire le risque 5. Qui veut dire un risque élevé. Soit, n'investissez pas en Algérie. Alors que toutes les autres agences de l'OCDE, notamment l'allemande Hermès, l'italienne Sace l'ont porté au risque 4 qui correspond à un assez bon risque. Un feu vert en un mot à l'investissement des entrepreneurs de tous ces pays. En fait, explique un expert, la Coface a également classé l'Algérie au risque 4 . Sonatrach bénéficie de cette notation. Pour la Coface, il y a un transfert du risque du public au privé. Il n'y a pas de risque public. Les entreprises et les institutions publiques autres que Sonatrach, qui ont la garantie de l'état, bénéficient aussi de cette notation. En revanche, ce n'est pas le cas des sociétés privées. Echaudée par l'Affaire Khalifa qui a entraîné un lourd contentieux, la Coface considère que les affaires avec les entreprises privées algériennes ( pas toutes) sont très risquées. Parce qu'elles ne travaillent pas dans la transparence. Et sont sous-capitalisées. L'affaire Khalifa a entraîné un lourd contentieux Il faut savoir, qu'à la suite de la liquidation de la banque El Khalifa, les transferts ont été bloqués. De nombreux fournisseurs français, notamment du groupe Khalifa, de la compagnie aérienne Khalifa Airways n'ont pas été payés. Les pertes sont estimées par la partie française à 60 millions d'euros. Il a été relevé au cours de la rencontre que le taux de sinistrés a considérablement augmenté entre 2002-2003. Période qui correspond au processus de fermeture de la banque. Ce qui veut dire que la Coface a dû verser beaucoup plus d'argent pour rembourser ses clients (français) en raison de la défaillance de la banque El Khalifa. Au tableau gris, les participants ont relevé des obstacles majeurs à l'investissement : le foncier, la politique de change et la bureaucratie. Il faut plusieurs mois, voire des années pour accéder à un terrain pour implanter ses activités. Plusieurs investisseurs ont été découragés à cause de ce problème. Les sociétés étrangères implantées en Algérie dans le secteur des services éprouvent des difficultés à transférer leurs bénéfices. Si cette branche est fort contrôlée parce qu'elle est à la source des transferts illégaux de capitaux, il ne faudrait pas, selon des participants, que la réglementation, répressive pour ces situations, ne se transforme en blocages. La bureaucratie, elle, est mise à l'index de nouveau comme principal facteur de dissuasion à l'investissement français en Algérie. En guise de conclusion du conclave, il ressort la volonté des entreprises françaises à travailler avec l'Algérie. Les participants considèrent que notre pays est important. Quant à l'investissement, la balle est dans le camp des dirigeants algériens. Y compris pour les entrepreneurs d'autres pays occidentaux, qui manifestent aussi un regain d'intérêt pour l'Algérie. Mais, même si ces nouvelles sont réconfortantes, il reste beaucoup à faire sur tous les plans : celui de la politique de l'environnement des affaires au social. N. R.