Déjà surnommé le Davos algérien, le quatrième symposium d'El Oued, qui s'est tenu la semaine dernière, a souligné l'importance pour les entreprises maghrébines de développer des alliances stratégiques pour réussir leur intégration dans l'économie internationale, a indiqué vendredi Oxford Business Group. Sous le titre « Développer les échanges », le prestigieux institut note que « doublé du premier carrefour des entrepreneurs maghrébines, le symposium s'est tenu dans le cadre enchanteur de la résidence Eddhaouia du richissime Djilali Mehri à El Oued, la ville aux mille coupoles, avec la participation d'une centaine d'hommes d'affaires algériens, d'économistes, d'universitaires et de diplomates, parmi lesquels le chef de la délégation de la Commission européenne en Algérie, ainsi que les ambassadeurs des Etats-Unis, du Maroc, de Tunisie et de Mauritanie ». Oxford Business Group souligne que « cette prestigieuse assemblée » était réunie à l'initiative de M. Mehri et du PDG de l'école de commerce MDI-Alger, Brahim Benabdeslam. Cette réunion devait se pencher sur le sujet des « Alliances stratégiques et (de la) création de valeur », un sujet qui intéresse les hommes d'affaires algériens au premier chef, puisqu'ils se situent dans la perspective d'une concurrence accrue avec l'entrée en vigueur prochaine de l'accord d'association avec l'Union européenne, et de l'accession à l'Organisation mondiale du commerce (OMC), attendue depuis longtemps, et qui devrait intervenir au cours de l'année prochaine. « Dans cette optique, commente Oxford Business Group, l'Algérie a beaucoup à apprendre de ses voisins marocains et tunisiens, qui sont membres de l'OMC depuis 1995 (...). Les participants au symposium d'El Oued ont mis en exergue la faiblesse du commerce intramaghrébin. Les efforts d'intégration régionale sont paralysés depuis trop longtemps par l'inextricable dispute entre l'Algérie et le Maroc, du fait du soutien de la première à la cause du Polisario dans le conflit du Sahara-Occidental. » Rappelant les derniers développements qui ont marqué les relations entre Alger et Rabat, Oxford Business Group estime que « les récentes rodomontades des deux parties, à la suite du soutien réitéré du Président Bouteflika au Polisario à l'occasion du 32e anniversaire du mouvement séparatiste, ont réduit ces espoirs à néant. Mohammed VI a annoncé le 22 mai sa décision d'annuler sa participation au prochain sommet de l'Union du Maghreb arabe (UMA), prévu le 1er juin en Libye, ce qui a provoqué l'annulation pure et simple du sommet ». « Voici de bien mauvaises nouvelles pour les hommes d'affaires des pays membres - Algérie, Maroc, Tunisie, Libye et Mauritanie - puisque le commerce intramaghrébin a désespérément besoin d'un coup d'accélérateur. Il ne représente aujourd'hui que 3% du commerce total des pays du Maghreb. Une relance du processus d'intégration serait forcément bénéfique à l'Algérie, car son commerce avec les pays de l'UMA n'a totalisé que 497 millions de dollars en 2004 - tout juste 1% de son commerce total. Plus spécifiquement, les experts estiment que la réouverture des frontières terrestres pourrait suffire à provoquer un quintuplement du commerce algéro-marocain, qui a connu une baisse de 7% par rapport à 2003. Le commerce avec la Tunisie est encore plus réduit, avec 180 millions de dollars en 2004. » Alors que l'Algérie entretient des liens commerciaux d'importance avec des pays éloignés, tels que la Belgique, les Pays-Bas et même l'Ukraine, ses voisins marocain et tunisien ne se classent qu'au 15e et 16e rangs parmi ses clients, et à un rang plus éloigné en tant que fournisseurs, indique Oxford Business Group. « Les participants au symposium d'El Oued ont résolument prêché une approche d'intégration par la base, soutenant que les hommes politiques avaient échoué à tenir leurs engagements et que seules les entreprises étaient à même de servir de catalyseur à l'intégration maghrébine. L'accroissement des échanges apparaît ainsi comme le facteur principal qui pourra permettre son succès. C'est pourquoi les participants ont signé un mémorandum qui prévoit la création d'un bureau de liaison à Alger pour faciliter et coordonner les contacts entre les hommes d'affaires de la région. Un second carrefour des entrepreneurs maghrébins devrait avoir lieu prochainement, peut-être au Maroc. » Oxford Business Group rappelle que « la création en avril d'une chambre de commerce mixte algéro-marocaine, en marge du second forum des hommes d'affaires algériens et marocains tenu à Alger, apparaît dans ce cadre comme un pas significatif pour exploiter l'important potentiel d'échanges entre les deux voisins ». « Néanmoins, certains participants ont souligné que les gouvernements devaient laisser aux entreprises plus de marge de manœuvre pour coopérer avec leurs partenaires régionaux. »