«Le Ccdr vient de consommer son échec», dixit A. Bererhi. L'Histoire a eu raison de ce mouvement associatif créé au lendemain de l'ouverture démocratique. Le Ccdr a été mis en branle pour une alternative citoyenne, mais les objectifs visés sont loin d'être atteints. Aujourd'hui, il assume son échec et revient à la case départ pour une autocritique virulente et sans ambages. Son animateur, Abdelhak Bererhi, ex-ministre et ex-sénateur reconnaîtra, au cours d'une conférence de presse, que «la mission première du Ccdr est d'aller vers un pôle républicain», mais que «cette association a échoué dans son entreprise. Pour sauver ce pôle et sauvegarder les acquis, seule la mobilisation de la société civile peut apporter la réponse à la crise multidimensionnelle, politique, sociale, économique et culturelle». Ainsi, en tant que mouvement et non comme parti politique, le Ccdr n'a pas trouvé d'assises pour se hisser au plus haut niveau et transcender les questions de l'heure. La société civile, base première de toute action politique, s'est détournée de cette formation pour des raisons historiques liées à la composante humaine des initiateurs de ce projet. Ni Bererhi, ni Zerari, ni Saout El Arab...ne peuvent se «targuer» d'avoir suivi une ligne politique claire. Ils étaient tous aux commandes, directes ou indirectes, lorsque la société civile constituait une force de résistance et de proposition. Au-delà de l'échec de cette mouvance, d'autres formations politiques, dites républicaines, ont connu le même sort. C'est le cas notamment de l'ANR, du FD, et à un degré moindre du MDS, du RCD...Toutes ces formations politiques et partis structurés ont défendu le principe, mais n'ont jamais pu arriver à rallier l'ensemble de la société civile. Ce rejet n'est pas un fait du hasard, mais relève de la «praxis» historique. En effet, les horizons visés par ces partis et formations ne sont que des chimères. Le recours à la base populaire, au moment d'une traversée d'une crise politique ou structurelle, est une donne ancrée dans nos moeurs. Malheureusement, l'espoir placé en la société civile n'a toujours pas de répondant et, pour cause, toutes ces formations ont joué, à un moment de leur vie, le rôle de relais du pouvoir. L'autre face cachée de cet échec historique, ô ! combien cuisant, n'est que la résultante de ne pas être là au moment propice. Quels que soient la nature de la lutte et le blason recouvrant ces formations et associations politiques, l'action de «réinjecter» la confiance dans un corps social, longtemps désenchanté par les pratiques du pouvoir au niveau central et local, il n'en demeure pas moins qu'il faut sortir de la logique d'imposer des lois aux citoyens. Ce qu'il faut comprendre dans cette ligne suivie, c'est que beaucoup de formations politiques ne sont pas représentatives d'un courant politique. En fait, ces formations ne sont là, qu'un temps conjoncturel et leurs actions socio-économiques et les discours tenus ne reflètent que leurs «circonvolutions» qu'ils imaginent. Ainsi, la société civile a repoussé et repousse toute la philosophie définie par ces associations et partis politiques, les erreurs d'appréciation de la situation socio-politique du pays ont enfoui les valeurs de la démocratie pour un ordre républicain. Ce dernier a perdu toute sa signification dénotée ou connotée par son «usualité» depuis l'Indépendance. Toutefois, ce principe n'est qu'un but à atteindre avec la mise en place des paramètres qui sous-tendent la démocratie. De l'instauration de cette dernière et de sa sauvegarde par la société civile, la notion républicaine trouvera toute latitude pour acquérir des bases solides. C'est à ce prix et surtout à la défense d'un idéal où les aspirations du peuple convergent, que ces formations politiques retrouveront toutes leur plénitude et pourront franchir le cap d'une réelle démocratisation du pouvoir politique. La base sociale restera et reste seul juge dans la grande marche de l'Histoire d'une nation. L'erreur politique pour une formation ou parti politique est très difficile à surmonter. Elle est appréciée à sa juste valeur par la société civile qui en définit les contours et les objectifs à atteindre. Toute bête pensante dans ce cadre n'est que la synthèse de la revendication politique et sociale de base. Et, c'est à partir de cette étape qu'elle devra engranger une dynamique pour éviter tous les écueils qui risquent «d'arrêter l'Histoire».