Le séjour de William Burns, secrétaire d'Etat adjoint américain dans la région prélude de la mise en application de la feuille de route. Le responsable américain, chargé des Affaires du Proche-Orient qui eut des discussions, dimanche, avec notamment le chef du gouvernement israélien, Ariel Sharon, a rencontré hier le Premier ministre palestinien Mahmoud Abbas Abou Mazen. William Burns intervient ainsi à un moment délicat, marqué par la recrudescence de la violence, induite autant par la répression sauvage de l'armée d'occupation israélienne, que par les changements intervenus récemment au niveau de la direction palestinienne. Le secrétaire d'Etat adjoint américain tâte de fait le terrain avant la venue - prévue la semaine prochaine - du secrétaire d'Etat, Colin Powell, dans une tentative de remettre sur pied le processus de paix israélo-palestinien. Les discussions de William Burns avec les dirigeants israéliens et palestiniens ont en perspective l'application progressive de la feuille de route dont la publication a été rendue publique au lendemain de l'investiture de M.Abbas à la tête du cabinet palestinien. La «feuille de route» acceptée comme document de travail par les Palestiniens, et du bout des lèvres par Israël, a le mérite, dit-on, d'avoir prévu un calendrier, plus ou moins contraignant, au bout duquel devait se concrétiser la création de l'Etat palestinien en 2005. Toutefois, l'expérience négative de l'accord d'Oslo, également encadré dans le temps, est là pour tempérer un optimisme par trop hors de saison. D'autant plus qu'il reste l'inconnue à savoir jusqu'où les Israéliens sont prêts à coopérer pour le succès de la feuille de route qui, en théorie, les fera co-habiter avec les Palestiniens. La «feuille de route» prévoit trois phases qui, grosso-modo, se départagent ainsi: première phase qui débute avec la publication du document envisage la «fin de la terreur et de la violence» - condition sine quoi non pour la suite des évènements - parallèlement à la mise en place des institutions palestiniennes. Cette première phase devait s'achever, au plus tard en juin 2003. La deuxième phase aussi courte - juin 2003-décembre 2003 - phase dite de transition verra les efforts concentrés sur la création de l'Etat palestinien (frontière provisoire, attributs de souveraineté, etc.). La troisième phase, si d'ici à là les choses se déroulent comme prévu, s'étalera de 2004 à 2005 qui verra la mise au point du statut définitif de l'Etat palestinien. Dans cette dernière période de négociations, les accords en question seront fondés sur les résolutions 242, 338 et 1397 du Conseil de sécurité lesquelles stipulent le retrait d'Israël des territoires occupés en 1967. Dans l'optique d'un accord global entre les deux parties israélienne et palestinienne, cela ouvrira, indique le document «feuille de route» la possibilité de «régler la situation entre Israël et le Liban, la situation entre Israël et la Syrie». Certainement on n'en est pas encore là et le chemin reste ardu et semé d'embûches. Aussi, l'émissaire américain William Burns essaie-t-il de défricher le terrain, tâter la disponibilité des deux parties à jouer le jeu de la paix tel que le préconise la feuille de route. Sur le plan politique, et prenant les devants, le Premier ministre palestinien, Mahmoud Abbas, s'est dit, dimanche, prêt à rencontrer, à tout moment, son homologue israélien, Ariel Sharon déclarant en effet: «Nous voulons certainement une rencontre avec lui (Ariel Sharon)», indiquant: «Nous avons envoyé des signaux (au gouvernement israélien) pour organiser une rencontre préliminaire avec eux (les membres du cabinet israélien) qui serait suivie par une rencontre avec le Premier ministre Sharon». Du côté israélien on laissait entendre hier que Sharon pourrait avoir une entrevue avec Abou Mazen après le 7 mai (célébration de la création de l'Etat hébreu). Entre-temps, selon la radio israélienne, le ministre de la Défense israélien, Shaoul Mofaz, doit rencontrer, au début de la semaine prochaine, Mahmoud Abbas et Mohamed Dahlane, ministre délégué chargé de la Sécurité. La région du Proche-Orient se trouve aujourd'hui à la croisée des chemins et il faut sans doute attendre les prochains développements de la situation pour voir si la feuille de route est le document de paix tant attendu.