Un peu maladroitement, sous l´effet de la passion et du caractère scellé et non négociable de la plate-forme, les archs ont regardé la gendarmerie par une fenêtre régionale, au lieu de se focaliser sur la problématique de la sécurité qui met au coeur du débat les relations entre les forces de police d´une manière générale et la société, et entre celle-ci et les parties publiques, par le biais des élus. Soulignons d´abord que l´existence de la gendarmerie dans sa dimension de sécurité intérieure est un élément qui renforce l´indépendance de la justice en ce sens où cette dernière ne dépend pas pour ses enquêtes d´un seul corps de sécurité, à savoir celui de la police. Dans cette ère où on parle du caractère néfaste du monopole, le retrait de la gendarmerie confie le monopole sur la sécurité publique aux forces de police de la Dgsn. Plus particulièrement pour ce qui concerne la revendication du départ de la gendarmerie, la sécurité est à approcher sous l´angle de la spécificité des problèmes qui se posent en Algérie et non sous celui des spécificités régionales. Par contre, indirectement, les archs posent le problème de la définition des attributions des élus dans le champ de la sécurité, ce qui reviendrait à élaborer et à mettre en oeuvre des réformes dans la zone régalienne des activités de l´Etat. Cela aussi amène à la question de savoir s´il faut élaborer des politiques publiques de sécurité, par qui celles-ci devraient-elles être pensées et quel serait le milieu le plus approprié pour en débattre du fait qu´il n´existe pas un conseil national de sécurité intérieure et du fait aussi, que les députés ont évacué ce genre de préoccupations des deux enceintes parlementaires. Remarquons d´abord qu´il n´existe pas l´équivalent d´un institut de hautes études de sécurité intérieure pour conduire des recherches et des évaluations en la matière et fournir aux élus locaux l´opportunité de se confronter aux problèmes de sécurité que connaissent leurs communes et aux parlementaires d´apprendre à identifier les divers aspects stratégiques de la sécurité ainsi que les enjeux qu´ils charrient. Il y a d´une façon globale, trois aspects de la fonction de police, police dans sa conception générale. Il y a la police nationale (trans-régions), la police judiciaire (ou criminelle) qui oeuvre sous le contrôle des magistrats, la police de l´ordre public. Par ordre public, il faut entendre tous les méfaits sociaux (drogue, prostitution...), terrorisme, émeutes, tranquillité publique, violences... A quel palier intégrer l´élu local? Sous quelle forme? Devant ce qu´on peut appeler les insécurités quotidiennes dans un contexte où la société devient de plus en plus vulnérable, les forces de police et de gendarmerie sont les seuls corps engagés dans le rétablissement de la sécurité et doivent bénéficier d´un niveau élevé de confiance populaire pour atteindre leurs objectifs, tout en restant sous contrôle pour éviter des dépassements. Les archs estiment qu´ils doivent rester sous le contrôle des élus. Mais quelles missions devraient rester sous le contrôle des élus? L´autre problématique qui n´est pas évoquée est celle de la création d´un partenariat de sécurité pour introduire dans le champ de la sécurité locale des partenaires civils qui serviraient d´encadreurs sociaux pour renforcer la prévention par une éducation ou un travail de proximité. D´autre part, la police communale aurait pu renforcer le champ local du partenariat de sécurité sous la conduite et le contrôle du président de l´APC. Mais celle-ci n´est pas encore mise en place conformément au décret qui a été signé à cet effet, il y a de cela plus d´une décennie.