Depuis le vote, en septembre 2004, de la résolution 1559 par le Conseil de sécurité de l´ONU exigeant de la Syrie le retrait sans délai de ses troupes stationnées au Liban, la France et les Etats-Unis ont maintenu sur Damas une pression constante sans commune mesure avec la situation prévalant au pays des cèdres. L´assassinat de l´ancien Premier ministre libanais, Rafik Hariri, a, par ailleurs, précipité les choses, Washington et Paris faisant dès lors de ce retrait une priorité absolue. Cédant aux pressantes «sollicitations» des Nations unies et de l´Occident, le président syrien prenant acte des rapports de force, décida d´obtempérer à cette mise en demeure, alors même que l´armée syrienne stationne au Liban, aux demandes conjuguées de la Ligue arabe, accords de Taïef de 1989 mettant fin à la guerre civile au Liban, et du gouvernement légal libanais, et du peuple libanais, comme le démontrent les manifestations massives contre le départ des troupes syriennes, de loin plus imposantes que les manifestations libanaises exigeant le départ de ces mêmes troupes. Mais, comme il ne s´agit ni de chipoter ni de faire des calculs d´épiciers, prenons le problème autrement et posons-nous la question: dans cette région tourmentée du Proche-Orient, n´y a-t-il pas d´autres anomalies qui méritent que les puissances, -qui ont su convaincre Damas de rapatrier ses troupes-, s´y investissent également avec la même volonté, zèle et constance? Prenant acte du retrait syrien du Nord-Liban, Mme Rice, secrétaire d´Etat américain, n´en réaffirme pas moins que les Etats-Unis «allaient continuer de faire pression pour une pleine application de la résolution 1559». Aussi, la question qui se pose dès lors est de savoir si Mme Rice, continuant sur sa lancée pour faire appliquer les lois internationales et les résolutions de l´ONU, foulées aux pieds par certains Etats, va, avec la même intransigeance, exiger qu´Israël applique «pleinement les résolutions 242 et 338» du Conseil de sécurité, résolutions en souffrance d´application depuis respectivement 1967 et 1973. Or, Washington affirme que l´on n´impose rien à Israël qui, souverainement, a l´opportunité de se conformer aux résolutions de l´ONU ou non. Aussi, quitte à nous répéter, quel Etat aura suffisamment de volonté pour faire appliquer par Israël les résolutions 242 du 6 juin 1967 et 338 du 13 octobre 1973, du Conseil de sécurité, lesquelles exigent de l´Etat hébreu le retrait, sans délai, de ses troupes des territoires arabes occupés, dont le Golan syrien. Paris qui a excipé de la souveraineté du Liban pour exiger de la Syrie le retrait de ses troupes de ce pays, mettra-t-elle en avant la souveraineté de la Syrie pour sommer Israël de retirer ses troupes du Golan et le démantèlement des colonies de peuplement érigées dans cette province syrienne? Aussi, l´on se demande, (naïvement?), pourquoi ce qui est possible avec la Syrie, la faire se conformer aux résolutions des Nations unies, n´est plus envisageable dès lors qu´il s´agit d´Israël, lequel a refusé d´appliquer toutes les résolutions de l´ONU le concernant, -à l´exception notable de la résolution 181/II de novembre 1947 partageant la Palestine historique entre un Etat juif et un Etat arabe-, sans encourir aucune pression de la part des gardiens de l´orthodoxie internationale, et sans qu´il soit invité à se conformer aux droit et lois internationaux représentés par les résolutions de l´ONU. Et toujours cette question lancinante, pourquoi les lois internationales (que sont les résolutions de l´ONU) s´appliquent à la Syrie, mais pas à Israël, à l´Irak (cf. les commissions onusiennes devant déterminer la détention par l´Irak d´armes de destruction massive) mais pas à Israël, l´Occident veut contraindre l´Iran, soupçonné de velléité nucléaire, à abandonner son programme nucléaire, mais se désintéresse d´Israël, le seul pays de la région à disposer de l´arme atomique. Cela peut paraître en effet incongru de poser cette problématique alors que tout le monde sait, Washington l´a suffisamment répété tout au long de ces années pour qu´on ne l´ignore, qu´il était «contre-productif» de «faire pression» sur Israël et surtout que l´on «n´impose rien» à l´Etat hébreu qui peut continuer en toute quiétude à occuper le Golan et les territoires palestiniens, à bloquer la proclamation de l´Etat palestinien. Ce qui laisse entendre que ce qui est applicable pour les pays arabes, -qui, quelque part, méritent bien ce mépris pour être seulement capables d´oppresser leurs peuples-, ne peut l´être pour ce pauvre «petit» Etat hébreu -encerclé par les méchants voisins arabes-, qui se révèle être la seule puissance militaire de la région moyen-orientale. Aussi, peut-on réitérer, Israël est-il un Etat hors normes et hors des lois internationales, la France et les Etats-Unis -qui sont restés sur le pont durant plusieurs mois pour obliger la Syrie à appliquer la résolution 1559 de l´ONU, vont-ils user de la même constance afin qu´Israël se conforme, enfin, aux résolutions 242 et 338 en les lui faisant «appliquer pleinement»? Tiens! Plus personne n´écoute. Certes, faire conformer Israël aux lois internationales n´intéresse personne, surtout pas Paris et Washington.