En disant que les 23.000 entreprises nationales du bâtiment sont incapables de construire le million de logements que le gouvernement compte incessamment lancer, M. Hamimid jette un véritable pavé dans la mare. Et ça titille notre fierté nationale. Voici un programme ambitieux dans lequel l´Exécutif va injecter beaucoup d´argent, qui est une occasion en or pour les entreprises nationales de faire des affaires, et l´on nous dit qu´on va faire appel à la compétence étrangère. C´est vrai que quarante ans de gestion étatique de l´économie, avec la bureaucratie et les lenteurs y afférentes, ça laisse des traces. On le sait, l´Algérie est le pays où les trains n´arrivent pas à l´heure. Un dérangement téléphonique pouvait durer des mois, avant l´ouverture du secteur et l´arrivée de nouveaux opérateurs. Les pannes d´électricité sont fréquentes et durent parfois toute une journée et toute la nuit qui suit. L´ordinateur de l´agence bancaire du coin se plante deux jours sur trois. On est habitué à tout cela. Quant une chose marche comme il faut, c´est assez souvent l´exception qui confirme la règle. Et tout cela, bien entendu, a un impact sur le bâtiment et sur les entreprises qui y travaillent. Néanmoins, un million de logements, il y a de quoi aiguiser les appétits. C´est du travail pour cinq ans. Le gouvernement était donc devant un dilemme: soit faire appel aux entreprises étrangères, soit ne compter que sur les moyens locaux et risquer de faire capoter le programme quinquennal. Le projet Aadl a pourtant montré que même les entreprises étrangères peuvent accuser des retards. Donc, on n´est pas totalement immunisé contre ce fléau. Le défaut principal des entreprises algériennes, c´est le non-respect des délais. Les retards qui s´accumulent. Pratiquement cela se passe comment? Un entrepreneur prend un marché, il ouvre un chantier, mais dès qu´on lui en propose un autre, il n´hésite pas à le prendre, et ainsi de suite, au point de se retrouver au bout de quelque temps avec plusieurs chantiers sur les bras, qu´il gère au petit bonheur la chance. Le suivi n´est pas toujours assuré. Il eût été possible par exemple de faire les choses autrement , en mettant en place le principe du travail continu, avec des équipes qui se relaient selon la formule du 3 - 8, ou tout au moins du 2 - 8. Il y a aussi le fait que d´autres mauvaises habitudes ont été prises, notamment dans la passation des marchés publics, où il faut avoir du piston pour espérer dégoter quelque chose. Là, on peut dire que s´il y a corruption, c´est surtout dû au laxisme, voire la complicité de l´administration. Ceci étant, le recours aux entreprises étrangères est-il la meilleure chose? Dans la mesure où on est dans une économie de marché, il ne fait aucun doute que la mise en concurrence ne peut qu´avoir des effets positifs. A compétence égale, rien n´empêche une entreprise algérienne de décrocher un projet, d´autant plus que si l´on se fie aux chiffres de M.Hamimid, il y aurait bien quelque chose comme 250 entreprises nationales qui auraient les reins assez solides pour relever le défi. Reste l´autre formule, certainement la meilleure, à savoir celle du partenariat. Dans presque tous les secteurs où elle a été testée, elle a donné de bons résultats, pour la simple raison que le transfert de technologie ne se fait pas automatiquement, ni en travaillant en autarcie, ni en achetant des produits clefs en main. Quand on vous propose trois formules, c´est généralement la troisième qui est la meilleure. Ici, c´est celle du partenariat.