L´année 2005 est celle de la fragilisation de l´Alliance et du réveil de l´opposition, mais réveil inutile, impuissant et sans lendemain, car cette dernière agit par réactions sans capitaliser en commun les convergences qui existent en son sein. Le FLN, non encore tout à fait rétabli de la crise interne, s´est vu secourir par le président qui l´a pris sous sa protection. Aussi bien le président que le FLN lui-même ont pris une revanche sur l´histoire. Après son exclusion du FLN par la commission de discipline, en raison, disait-on, d´un règlement de compte, le président est revenu à la tête de ce parti. Le FLN, quant à lui, a été sauvé par trois fois au moins. Après la séparation parti-Etat, le FLN avait sombré. La bouée de sauvetage lui a été lancée par la dissolution de son principal adversaire, à savoir le FIS. La deuxième menace importante était celle de Wafa. La bouée de sauvetage lui fut lancée par la non-légalisation de celui-ci. La troisième menace qui lui avait valu la rupture de sa cohésion fut l´annonce par l´armée de son retrait du champ politique, laissant ainsi apparaître au grand jour les contradictions régionales internes et les ambitions. Cette fois-ci, c´est le président qui lui a tendu la main en le couvrant de son autorité par l´acceptation du poste de président de ce parti. Avec le président de la République à sa tête, le FLN s´est vu dopé. Il est devenu, au sein de l´Alliance, le dépositaire de la confiance du président, le partenaire dominant, le noyau central autour duquel ses deux alliés sont appelés à tourner sur des orbites en élections éjectables. Les relations au sein de l´Alliance étaient déséquilibrées jusqu´à ce qu´intervienne la décision de dissoudre les APC et APW en Kabylie qui a, à nouveau, re-fragilisé le FLN par la démonstration qu´il n´a pas d´autorité sur sa base. Le RND et le MSP compensent ce déséquilibre par leur cohésion interne. C´est maintenant le FLN qui apparaît instable et incertain, pas le RND ni le MSP. Le FLN ne peut qu´accuser le mauvais sort qui a été jeté sur lui, en priant Dieu que la contestation de ses élus en Kabylie ne puisse pas avoir un caractère trans-régional. Mais l´Alliance peut dormir sur ses deux oreilles. Elle est certes affaiblie, le FLN est obligé de rabaisser ses ambitions, ses prétentions par rapport à celles de ses deux alliés, mais elle ne sera pas mise en péril par une opposition désunie qui sait bien que les actions isolées sont inefficaces et qui, cependant, s´évertue à rendre impossible la concertation. Le MNR va sombrer dans des querelles internes interminables qui paralysent sa politique extérieure. Le PT est vraiment en forme, mais il court tout seul. Il est en même temps premier et dernier dans cette course, sans victoire ni défaite au bout. Quant au RCD et au FFS, ils vivent sous le même toit, c´est-à-dire en Kabylie, mais séparés de corps. Ce n´est donc pas l´Alliance qui est forte, c´est l´opposition qui est divisée. C´est dans ce contexte que le RND avance ses pions en Kabylie. Par le biais des archs dialoguistes, il se fraie un chemin dans les nombreuses interstices entre les acteurs de la région. Il ne prétend pas conquérir la Kabylie, en éjecter les partis présents qui y ont traversé une phase de sommeil au point de reculer dans le champ, sans cependant en sortir. Il s´y trouvera tout de même une place. C´est en tout cas une manoeuvre stratégique digne des grands stratèges, à savoir accentuer les divisions en face et rééquilibrer les rapports de force au sein de l´Alliance. Ouyahia a réussi à renverser la vapeur en Kabylie, en témoigne cette appréciation des archs partenaires: «Ouyahia miss t´familt». Grâce à la sixième incidence, la vie politique est sortie de sa torpeur. C´est au moins ça de gagné. Quant à Ouyahia, que de chemin parcouru en Kabylie après que des manifestants aient crié, jadis: « Ouyahia, tarabith».