Le RCD s´inscrit dans la perspective des lendemains de la dissolution alors que le FFS se trouve dans la situation de refus de la dissolution. Les deux partis ne se situent donc pas dans les mêmes systèmes référentiels, mais rien n´interdit que tous les deux partagent la même vision et le même objectif, à savoir ne pas laisser, par leur éventuel boycott, le champ libre devant les partis de l´alliance. Dans le cas où il est réellement décidé de refaire les élections en Kabylie, ces partis de l´alliance ont intérêt à ce que le FFS et le RCD boycottent ces élections pour les gagner sans adversaire, même s´il s´agit d´une victoire sans gloire, «à vaincre sans péril». Le FFS et le RCD se verraient contraints d´y participer pour deux raisons au moins. Déjà dépossédés de tribunes politiques au Parlement, auquel il manque la verve d´une Dalila Taleb et d´un parler très peu diplomatique d´un Nordine Aït Hamouda, le FFS et le RCD ne peuvent pas se permettre une totale mise à l´ombre génératrice d´une démobilisation pour cause d´aphonie politique. Un parti politique a besoin de gagner des élections pour exister quand bien même il s´avérerait qu´il n´aurait pas les moyens de sa politique après sa victoire. Un parti a besoin de faire rencontrer ses ambitions avec celles de ses militants qui veulent se réaliser, car, sans objectifs électoraux, le militantisme perd les moyens de l´entretien de sa mobilisation. Le FFS et le RCD se sont bien rendu compte que leur boycott des élections législatives n´a pas empêché les parlements de fonctionner et de clamer même que la démocratie a gagné, quand bien même l´opposition dans cette enceinte est réduite à son impuissance législative. La politique de refus de «partir» adoptée par le FFS est en elle-même la meilleure entrée précoce en campagne électorale. En réalité, le FFS a intérêt à la dissolution des APC tout en se posant dans une situation de victime, capable de leur faire générer des dividendes. Il y a intérêt car cette fois-ci, il sait qu´en cas d´élections anticipées, c´est le pouvoir qui lui offrirait un retour en force en lui donnant l´opportunité de gagner même les APC qui sont sans élus. Les différentes marches locales participent de la mobilisation. Les élus du FLN qui ne veulent pas rendre leur mandat d´élu, un mandat qui n´est pas encore épuisé par sa durée, sont, eux aussi, entrés précocement en campagne électorale. Ils peuvent, aux yeux des populations, avoir autant de crédit qu´ils ont démontré qu´ils ont une conscience et que ce sont eux, à la base, qui font le FLN et non le FLN qui les fait. Quant au RND, ce sont les archs dialoguistes qui sont ses sous-traitants. Belkhadem l´avait si bien compris ou redouté qu´il les avait invités à se constituer en parti politique pour ne pas avoir à les voir jouer le rôle d´aile kabyle du RND. Le RCD quant à lui, a bien compris que tous ces partis sont déjà en campagne électorale et qu´en la matière, ils l´ont devancé d´où l´entrée en lice de son leader sur la chaîne Brtv pour lancer à ses troupes le signal de leur mobilisation en leur désignant un objectif électoral de court terme, idem pour le PT. Mais dans le contexte d´une élection pour deux ans et dans la probable perspective de remettre les assemblées élues de Kabylie dans les mêmes mains, le pouvoir pourrait opter pour une solution transitoire, à savoir désigner des DEC et des DEW, option non rejetée pour le moment.