Elle abonde dans le sens d'un différend opposant l'ex-Premier ministre au Président de la République en perspective de la présidentielle de 2004. Le quotidien français Le Monde a, dans son édition d'hier, consacré son éditorial à l'Algérie. Sous le titre «Bon vent à Alger», l'auteur, à première vue très optimiste, estime d'emblée que «la vie politique se normalise en Algérie. Le débat démocratique s'installe. La compétition pour le pouvoir au sein même des équipes dirigeantes ne prend plus l'allure d'une crise de régime». Sur sa lancée, l'éditorialiste du Monde estime que «c'est une lente évolution, mais elle est rassurante, à la fois travail de deuil et sortie de drame après les années de plomb d'une interminable guerre intérieure. Du moins est-ce là la manière la plus positive d'accueillir l'annonce de changement de Premier ministre». Pour Le Monde, la lutte ayant opposé les deux hommes ne «pourrait être une querelle de palais». «Il s'agit plus noblement, de l'entrée du pays en campagne électorale (...) le jeu s'ouvre. Il s'éloigne de la préprogrammation d'une candidature officielle soutenue par la hiérarchie militaire et dont personne ne pouvait douter que le bénéficiaire sortirait vainqueur des urnes». C'est la thèse diamétralement opposée que défendent Florence Beaugé et Jean-Pierre Tuquoi dans l'édition du 06 mai du même journal. Sous le titre «Ahmed Ouyahia, un revenant bien utile», les deux journalistes commentant le retour de celui qui a servi en tant que Chef du gouvernement sous le général Liamine Zeroual, estiment qu' «il y a lieu de craindre le pire venant d'un homme proche des militaires». «Ahmed Ouyahia, ajoutent- ils, intervient pour critiquer, sans le nommer, le Président et sa politique de réconciliation nationale avec les islamistes (...) (il est ) resté ministre de la Justice avant d'être nommé ministre d'Etat sans portefeuille et représentant personnel du chef de l'Etat dont il est devenu, ces derniers mois, une sorte de missi dominici». De son côté, Le Figaro s'est aussi appesanti sur le profil de Ahmed Ouyahia à propos duquel Arezki Aït Larbi note: «En le désignant pour lui succéder, le Président Bouteflika a choisi un homme en phase avec ses options économiques». Mais le rédacteur n'en considère pas moins qu' «avec Ahmed Ouyahia comme Premier ministre, Abdelaziz Bouteflika devrait, toutefois, regarder à deux fois avant de le traiter comme un simple exécutant acquis à sa cause». Quant à Ali Benflis, Le Figaro fera remarquer que ce dernier, même «chassé de l'Exécutif (demeure) toujours chef du parti majoritaire à l'Assemblée nationale». Ce journal n'exclut pas du reste l'éventualité que Ali Benflis «ne voterait pas la motion de confiance, poussant le chef de l'Etat à dissoudre l'Assemblée. Un cas de figure qui, pour le Président Bouteflika, qui imite son ami Chirac» «jusqu'à la caricature, risque de réserver des surprises encore plus désagréables». Par ailleurs, la presse marocaine a aussi abordé le sujet. Ainsi le quotidien Le Matin après avoir brossé le tableau de l'ascension de Benflis qui avait mené celui-ci à régner en maître absolu sur le parti du FLN, estime que «Bouteflika s'est trouvé, du jour au lendemain, totalement mis à l'écart. Ce qui l'a énormément irrité. Il a donc décidé de riposter avec force et célérité». «La nomination d'Ahmed Ouyahia, poursuit ce journal, (...) s'inscrit dans ce cadre». De son côté Assabah, journal arabophone, paru hier considère que «l'institution militaire en Algérie occupe une position centrale dans la prise de décision politique» avant d'ajouter: «Le limogeage de Benflis est intervenu à un moment où l'ensemble des ministres ne se trouvaient guère sur le territoire algérien à l'image de Khalida Toumi actuellement en visite dans la capitale syrienne Damas».