Dès que le mot «terrorisme» est prononcé partout dans le monde les regards se tournent vers les islamistes, et fatalement, vers l´islam et les musulmans. Si tous les terroristes sont perçus comme appartenant à l´espace musulman, les musulmans, dans leur écrasante majorité, ne sont pas des terroristes et pourtant, ils sont pratiquement tous suspectés, bien qu´il y en ait, parmi les dirigeants occidentaux, qui tiennent à préciser qu´islam ne signifie pas terrorisme. Il faudrait bien quand même se demander pourquoi le terrorisme qui est incriminé dans le monde est-il accolé au terme «islamiste», et pourquoi cette confusion entre islam et terrorisme. Dès que des personnalités de renom prononcent en accusant le terrorisme islamiste, le mal est déjà fait. L´opinion publique internationale fait immédiatement le lien entre Islam et terrorisme, même si l´auteur de cette accusation apporte lui-même un bémol en faisant une distinction entre ces deux termes. Mais les subconscients sont déjà «aimantés» et quoi qu´on fasse ou que l´on dise, cette aimantation ne disparaîtra pas de sitôt. Le terrorisme est devenu un concept fourre-tout, y compris pour ce qui se passe en Tchétchénie, en Irak et en Palestine. Ce serait, dit-on, parce que dans les pays musulmans, ou plutôt dans le monde musulman, il n´y a pas d´autorité religieuse reconnue, une institution qui possède une réelle légitimité religieuse (à l´exemple du Vatican), qu´il se produit une lutte féroce pour s´approprier le monopole sur l´islam, d´où la concurrence productrice de violence entre mouvements qui se réclament de l´islam. Depuis que la démocratisation s´est imposée aux pays arabes, le discours officiel est à la séparation entre la politique et la religion. Mais, les «politiques» donnent souvent une «colaration» religieuse à leurs discours, tout en réclamant l´application du principe de non-confusion entre la politique et la religion. Des «politiques» croient même faucher l´herbe sous les pieds des islamistes en donnant des gages de leur islamité. Quelle frontière à délimiter pour que «la politique» ne prenne pas en otage la religion et que la religion ne prenne pas en otage la politique? Chacun pour le moment fait plus que des incursions dans le champ de l´autre et contribue à créer la confusion. Ceux qui, au nom de la religion ou avec un discours empreint de religiosité, poursuivent des buts politiques tel que se saisir du pouvoir, ou alors demeurer au pouvoir, font en réalité de la politique. Mais rien pour le moment n´arrive à expliquer pourquoi et au nom de quoi ceux qui massacrent des populations arrivent à se déculpabiliser de l´acte de mort qu´ils commettent bestialement sans que cela ne dérange leur conscience. Il reste à analyser le processus d´évolution mentale de ceux qui ressemblaient à tout le monde à un moment donné de leur vie puis basculent dans le camp des tueurs. C´est l´analyse, au moment du seuil de basculement, qui pourrait fournir les meilleurs éléments à l´élaboration de la meilleure thérapie à mettre en oeuvre.