Une conférence organisée par le gouvernement et à laquelle avaient participé des officiers supérieurs, nous avait appris que «le terrorisme est islamiste». Il fallait donc appliquer des traitements séparés au terrorisme qui instrumentalisait l´islam et à l´islamisme qui générait le terrorisme. Si le premier traitement est connu, parce qu´il a été et qu´il est toujours appliqué, le deuxième traitement par contre n´a jamais été identifié dans ses diverses composantes. Si on admet donc que le terrorisme est islamiste sans pouvoir appliquer une thérapie à l´islamisme alors qu´il est accrédité la thèse selon laquelle c´est l´islamisme qui fournit ses motivations au terrorisme, sans nul doute que les moyens militaires n´arriveront jamais à en venir à bout. A un moment donné, était affectionnée la formule «l´intégrisme est la matrice porteuse du terrorisme». Mais la différence n´avait pas été faite entre intégrisme et islamisme. Prudence stratégique? Difficulté à emprunter la voie d´une analyse? Impossibilité à s´engager sur la voie d´un tel exercice intellectuel? Toujours est-il que d´un côté, il y a endoctrinement et que de l´autre, il n´y a rien en matière de contre-endoctrinement pour mettre les populations à l´abri des manipulations. Compte tenu du fait que l´emploi des moyens «militaires» n´a pas réussi à éradiquer le terrorisme, et que les moyens destinés à éteindre la source de son alimentation ne sont pas identifiés, rien ne vient alors fournir les éléments d´une lecture apaisante pour l´avenir. La rahma et la concorde civile étaient considérées comme composantes de la lutte globale antiterroriste, mais quand on fait le constat que ceux qu´on appelle des repentis disent n´avoir pas renoncé à leurs convictions et qu´ils continuent à traiter les autres de laïcs (et donc d´éradicateurs), on en conclut que ces démarches, pour autant qu´elles avaient contribué à produire une érosion sérieuse dans les rangs des pratiquants de la violence, n´ont pas été une thérapie appliquée au phénomène de l´islamisme. Or, la charte a identifié la partie responsable de la tragédie nationale, et cette partie concerne des islamistes. Ne pas pouvoir alors mettre en oeuvre une démarche destinée à supprimer les raisons du rajout du «isme» à l´islam laisserait en l´état celles qui font que le terrorisme est islamiste. La conférence citée ci-dessus n´avait donc servi qu´à dresser des constats, une conférence de plus, juste à titre informatif. La question qui se pose et qui mériterait réponse est bien de savoir pourquoi les groupes armés se revendiquent de l´islam alors que l´écrasante majorité des populations qui se réclament de l´islam et le pratiquent, n´ont rien à voir avec ce type de violence, ni même avec les intolérances telles que celles qui ont eu cours. Alors, plutôt que d´avoir investi dans la recherche du retrait de la couverture politique aux groupes armés, il aurait peut-être été plus utile de s´attaquer à leurs motivations, rôle qui aurait dû être dévolu aux hommes de religion.