Il y a parfois des moments, particulièrement en de grandes circonstances, où il arrive que ceux qui soutiennent le président, et même les présidents successifs, produisent des discours qui dépassent la pensée du président, sans prendre garde au retour des effets d´annonce. Rappelons-nous, d´abord et en premier, ce que déclaraient les comités de soutien à Zeroual, aussi bien pour appuyer sa désignation comme président de l´Etat par le Haut conseil de sécurité et la conférence qui avait eu lieu précédemment, puis comme candidat à l´élection à la présidence de la République. Ils affirmaient que dès lors que le «général» Zeroual serait élu, ça en serait fini du terrorisme, par la voie de l´éradication bien sûr, à confier à l´emploi des moyens militaires. Or, ils avaient occulté deux faits majeurs. Le premier était que Zeroual, en tant que ministre de la Défense, avait tenté d´obtenir de la part des leaders incarcérés à Blida (de l´ex-FIS) de faire cesser la violence en condamnant celle-ci et en appelant à son arrêt. Le deuxième a été l´offre de la rahma aux éléments des groupes armés qui accepteraient de renoncer à la pratique de la violence. Les forces armées n´avaient donc pas reçu un mandat d´éradication, et c´étaient même les analystes de l´armée qui avaient demandé au HCE (Haut comité d´Etat) d´explorer d´autres voies que la voie militaire A l´époque, il n´y avait pas de cellule de réflexion stratégique à la présidence, à la chefferie du gouvernement, au ministère de l´Intérieur. C´était l´armée elle-même qui demandait cette exploration et non les pouvoirs civil et politique. Cette exploration n´était bien sûr pas suspensive de la lutte antiterroriste. Elle devait accompagner cette dernière et ç´aurait été tant mieux si elle avait suffi à elle seule à ramener le calme par la cessation de la violence. D´ailleurs, n´oublions pas que Zeroual avait décidé de la mise à fin de fonctions du chef de gouvernement, Réda Malek, après que celui-ci voulait transférer la peur d´un camp à un autre au lieu de déclarer qu´il éradiquerait la peur. Puis, rebelote avec la campagne d´explication de la concorde civile. Alors même que le président fixait une date butoir à la validité de la concorde, et qu´il menaçait du «seif el hadjadj» ceux qui ne rejoindraient pas la concorde, montrant par là même qu´il était convaincu lui-même, qu´il y aurait des irréductibles, ses comités de soutien soutenaient que celle-ci allait ramener la paix et non la réduction du niveau d´intensité de la violence. Il y avait donc eu un écart entre la pensée du président et sa traduction sur le terrain de l´explication. Rebelote encore pour la campagne actuelle d´explication de la charte pour la paix et la réconciliation. Alors que le président lui-même affirme, arguments à l´appui, que ce n´est pas la dernière étape, et qu´il y en aura d´autres, alors qu´il parle de processus de construction (ou de retour) de la paix, il y en a qui, par excès de zèle, ou parce qu´ils n´ont pas bien saisi la pensée présidentielle, parlent du retour de la paix comme si celle-ci pouvait procéder de la «génération spontanée». D´autre part, l´appel à la paix, suivi d´argumentation, n´est pas lancé en direction des capitales occidentales: Londres, Washington ou autres, parce que ce ne sont pas celles-ci qui soutiennent ceux qui continuent à pratiquer la violence. Il s´adresse bien sûr à tous ceux qui doivent voter, à ceux qui doutent encore, mais plus particulièrement à ceux qui continuent dans la pratique des attentats, avec une argumentation qui devrait être plus adéquate, un mélange d´invitation et de fermeté.