Jamais cette rubrique n´aura mérité son nom comme aujourd´hui : je m´explique. J´ai appris des choses dernièrement dans la presse écrite, cette déesse aux cents bouches qui ne parlent que de bien et ne donnent que des bonnes nouvelles aux citoyens les plus heureux du monde, je veux parler des Algériens qui sont quotidiennement écrasés par l´abondance des bienfaits que Dame Nature a déversés sur eux, bienfaits de toutes sortes, puisqu´ils sont les plus beaux, les plus grands, les plus forts, les plus riches et qu´ils sont servis par un régime et des institutions que le monde entier nous jalouse... Je m´égare tant je suis ému par la nouvelle lue entre deux articles de mauvais aloi, l´un parlant des ravages de la grippe aviaire dans ce pauvre pays nordique appelé Danemark, qui a un jour enfanté un roi un peu fou qui se demandait tous les jours que Dieu fait «Etre ou ne pas être...», d´où l´expression «Il y a quelque chose de pourri au royaume du Danemark...», et l´autre article parlant des dividendes que viennent de se partager les travailleurs du textile, tant leurs entreprises marchent bien et ronflent comme les moteurs Diesel des 4xL´ de nos élus, tout cela grâce à Sidi-Saïd. Donc, je disais, je m´excuse, je tremble encore d´émotion, à cause du geste noble, grandiose et auguste que Abdelmadjid Sidi-Saïd vient de faire à l´endroit du troisième personnage de l´Etat, en lui accrochant sur la poitrine une médaille de reconnaissance pour tous les efforts fournis par la noble institution que préside le digne récipiendaire. Devant mon ignorance quant à la signification d´une médaille, j´ai pris mon «Petit Larousse», le «petit» rend plus de services que le «grand» qui est lourd et encombrant, le «petit» en format de poche peut être rangé là où il faut, là où on veut, et on peut le consulter sans soulever ni déranger quoi que ce soit... Et là, j´ai appris des choses que j´avais ignorées, honteusement ignorées au cours de soixante ans d´une vie stérile passée pour la plus grande part à réclamer mon lait, mon café, mon goûter, mon argent de poche puis des vacances, un peu d´affection. Le reste du temps, je l´ai passé à pointer au bureau, à saluer poliment mon chef de service et à le caresser dans le sens du poil, à me courber devant le directeur quand il passe inspecter le service (il passe si rarement que c´est toujours un événement quand il daigne nous accorder un sourire réconfortant, plus réconfortant que toutes les primes et toutes les médailles du monde...). Je vous disais que je m´égare. C´est l´émotion, les circonstances, la joie, l´enthousiasme qui me fait délirer. Ici, je m´arrête, car mon chef de rubrique me fait signe qu´il ne faut pas dépasser les limites imposées par la pagination : donc pour pouvoir mériter un jour la médaille sans revers je n´ai plus qu´à m´incliner et à remettre à demain la suite de l´histoire des médailles.