Combat «J?ai décidé de m?en sortir seule. Il faut vivre pour soi, c?est ce que j?ai appris. Je suis bien aujourd?hui, avant tout parce que j?ai décidé de guérir, de me guérir.» Nadia n?avait que 13 ans lorsqu?elle a contacté, pour la première fois, un psychologue. Elle ne pouvait plus supporter la violence de son père, ses coups sur son corps frêle, ses insultes, ses injures et son mépris au quotidien. «Le psychologue que j?ai vu était bon. Grâce à son écoute et à ses conseils, j?ai pu dépasser mes problèmes et supporter cette situation», raconte la jeune femme âgée, aujourd?hui, de 40 ans. Emmitouflée dans un large et sombre voile, Nadia est encore célibataire. «C?était insupportable ! À qui parler, à qui se confier ; où trouver refuge et protection !? Mes frères étaient petits, je suis l?aînée. Ma mère n?y pouvait rien, elle aussi était battue. Mon père déversait toute sa colère sur nous. Nous subissions en silence.» Son père l?a mariée, à 18 ans, contre son gré, avec l?un de ses cousins. «Il faisait tout ce que mon père lui dictait, il était aussi sauvage et tyrannique. Je recevais des coups sans raison, j?avais l?impression que me voir souffrir lui procurait du plaisir. Vous savez, j?ai fait 5 fausses couches, à cause de sa bestialité, ce qui m?a psychologiquement détruite.» Quatre ans plus tard, Nadia décide de demander le divorce. Elle a eu gain de cause, mais revient chez elle et se retrouve une nouvelle fois, otage de la violence. «À la maison, rien n?avait changé, mon père était le même tyran et la même brute. Ce retour m?a coûté cher, ma santé commençait à se détériorer : problèmes respiratoire, de tension, d?angoisse? et ce malgré la prise en charge psychologique. Je suivais une thérapie chez un psychiatre en cachette, mon père ne me laissait pas sortir à l?époque», marmonne-t-elle. N?en pouvant plus, elle se réfugie chez une tante, mais le mal qui rongeait sa tête et son âme devenait insupportable, elle ne communiquait plus, ne riait plus, rien ne l?intéressait, cloîtrée dans un coin de la maison, elle refusait tout contact avec l?extérieur. «Je pensais au suicide, la vie devenait un fardeau et personne ne pouvait m?aider. J?ai déprimé.» Son psychologue l?oriente vers un centre de prise en charge des malades mentaux, mais c?était un nouveau voyage vers la souffrance. «C?est moi qui l?ai supplié de le faire, fuyant ainsi ma maison, j?ai détesté toute ma famille et je ne voulais rester avec personne. Après quelques mois, je décide de revenir chez moi, je ne voulais pas que l?on me considère et qu?on me traite comme une folle ! J?étais gavée de cachets et j?avais toujours mal.» Nadia revient chez elle, elle arrive à reprendre les choses en main, même si elle reconnaît que c?est pénible.