Intronisé par une Constitution rédigée par des spécialistes qui avaient pris les mesures du bonhomme: celles d´un chef politique qui avaient marginalisé ou asservi les oppositions, Boumediène était devenu incontestable à l´intérieur comme à l´extérieur du pays. Il était fait pour durer. Le destin en décida autrement et Chadli Bendjedid endossa la Constitution de Boumediène avec une Assemblée nationale comme chambre de résonance et un parti FLN symbolique: tout le monde s´accorde à dire que les décisions étaient prises ailleurs, un ailleurs que l´on n´arrivait pas à cerner, du moins jusqu´à ce que la crise économique frappe aux portes d´un régime qui avait perdu toute crédibilité et qui s´était embarqué dans une politique de révisionnisme économique et de répression politique. Le glas sonnait pour le texte de Boumediène. Chadli s´empressa d´en faire rédiger un autre. Le président de la République devait avoir des pouvoirs accrus afin de conjuguer la montée des périls. Rien n´y fit: les mauvaises graines semées dans les années 80 s´épanouirent et le régime dut opérer un autre coup de force unique dans les annales de l´Histoire. Après la dissolution de l´Assemblée et la «démission» de Chadli Bendjedid, le pays se retrouvait dans un vide institutionnel qui allait être joyeusement et rapidement comblé par les décideurs qui avaient préparé tous les ingrédients afin que le HCE paraisse comme l´institution incontournable d´une République en danger de mort. Cependant, la Constitution tint bon jusqu´à l´élection de Liamine Zeroual qui s´empressa d´en faire voter une autre afin d´aplanir les écueils nombreux qui se présentaient à son gouvernement. Mais les conflits étaient tels que Liamine Zeroual démissionna avant la fin de son mandat et c´est Bouteflika Abdelaziz qui fut élu puis réélu avec la même Constitution. Jusque-là tout va bien, les trois partis de l´Alliance présidentielle et l´Assemblée nationale filèrent des jours heureux. Mais depuis quelque temps, le parti FLN dont le secrétaire général n´est autre qu´Abdelaziz Belkhadem, semble aller vers une révision constitutionnelle qui rendrait le régime encore plus présidentialiste, du moins d´après la fuite organisée. La première question qui se pose est celle-ci: pourquoi est-ce un seul parti (le FLN) qui doit préparer une nouvelle mouture de la Constitution? Quelle est l´instance, à l´intérieur de ce parti, qui a été chargée de rédiger ce texte secret? Connaissant les divers courants qui traversent ce parti, quel est l´avis des uns et des autres, des redresseurs et des redressés? Ensuite, dans un pays où les sondages ne sont pas si fiables, quelle peut être l´audience nationale d´un parti qui veut proposer, seul, un texte? Quelles garanties de transparence pour les urnes de la Constitution? Ensuite, quel est le véritable poids électoral des deux autres partis de l´Alliance présidentielle? Et l´opposition dans tout cela? On fait comme si elle n´existait pas! Quel est l´avenir de l´Assemblée nationale? Le poids du président de la République suffirait-il à faire pencher la balance? Quoiqu´il en soit, la Révolution continue et l´histoire sans fin aussi!