Il fait chaud! Très chaud à l´intérieur du pays. Cette canicule qui aurait pu avoir comme effet une certaine baisse de la demande en énergie a, au contraire, produit l´effet inverse puisque les climatiseurs, accessoires devenus indispensables pour le confort d´une certaine couche de la société, consomment eux aussi, beaucoup d´énergie. La conséquence est évidemment la hausse des prix du pétrole brut sur les marchés mondiaux, phénomène rare en pareille saison. Puisque les prix à la pompe ne changent pas au milieu de l´année, vous me direz que cela ne regarde nullement le consommateur algérien qui continue à payer son plein au tarif fixé par la loi de finances 2006. Eh bien, non! Tout mouvement boursier concernant le pétrole concerne aussi le citoyen algérien puisque la cagnotte nationale dépend fortement de la rente pétrolière. A l´heure où le prix du baril dépasse allégrement les 75 dollars (où s´arrêtera-t-il?), le pauvre fonctionnaire, employé, ouvrier et retraité algérien doit attendre que les figues fraîches mûrissent, sèchent pour pouvoir goûter leur part de rente pétrolière alors que pendant plus de vingt ans, ils ont payé la dette et les intérêts de la dette algérienne... Ce décalage crée des effets pervers dans le comportement du consommateur, qui commence à imiter les citoyens des pays développés dans leur mode de consommation: il se projette dans un futur optimiste, encouragé par les nouvelles mesures qui tendent à faciliter l´accès au crédit, au grand bonheur des importateurs qui se frottent les mains devant cette manne qui ne tombe pas du ciel évidemment. Peut-être, ce sont ceux qui font les règlements à être les premiers bénéficiaires des effets de ces règlements? «Laâb Hmida, recham Hmida», di-sait un ancien ministre de l´Hydraulique pour critiquer le système Ben Bella. Mais le pauvre citoyen, alléché par le goût du confort, peut être tenté de contracter plusieurs crédits auprès de nombreux établissements bancaires qui ouvrent grand leurs portes à ces nouvelles victimes. Voltaire qui ne croyait pas aux vampires déclarait que les banquiers sont les seuls vampires qui puissent exister puisqu´ils pompent toute la substance de leurs clients. Construire à crédit une maison individuelle, ou acheter un appartement sur vingt ans, acquérir une voiture, des meubles, des appareils électroménagers, voilà ce qui peut emballer la machine de l´endettement et réduire le maigre salaire à sa forme la plus symbolique. Gare au retour de manivelle et à l´hypothèque! Vivre à crédit, c´est vivre dangereusement!