Ce gouvernement, dont la durée de vie ne saurait excéder les 11 mois, ne pourra sans doute pas aborder les débats de fond. La très rapide nomination d'un nouveau gouvernement, sous la forme d'une reconduction quasi intégrale de l'ancienne équipe, continue de déchaîner débats et réactions au sein de la classe politique. Le RND, en train de prendre une véritable revanche sur le sort, ne cache guère sa «satisfaction». Abdelkader Malki, membre de la direction nationale, fait état de ladite satisfaction aussi bien par rapport à la nomination de Ahmed Ouyahia à la tête du gouvernement, que par rapport à la reconduction de l'ancienne équipe. «L'arrivée de certains ministres et le départ d'autres visent à assurer la stabilité, surtout sociale dans la pays. Il est sage de maintenir la cohésion de l'ancienne équipe pour un gouvernement dont la durée de vie ne saurait excéder les quelque 11 mois». «Nous pensons que le départ de Hamid Temmar et le rattachement direct de son ancien ministère, en charge de la participation et de la coordination des réformes, aux services du Chef du gouvernement auront pour effet de redonner un souffle nouveau au dialogue social». Notre interlocuteur pense la même chose par rapport à la nomination d'une P-DG à la tête de Sonatrach, qui a été une revendication de tout temps formulée par le RND afin de savoir enfin qui contrôle cette société hautement stratégique. L'Ugta, par la voie de son secrétaire général, tempère, quant à elle, ses ardeurs. «Nous nous refusons de personnaliser les problèmes. Aussi important que soit le signe lié au départ de Hamid Temmar, nous préférons attendre le programme du gouvernement avant de nous prononcer sur cette question». L'Ugta, forte de quatre millions d'adhérents et de sympathisants, ne peut se permettre des réactions intempestives et ne se prononce qu'en parfaite connaissance de cause. Le Parti des travailleurs, qui a réuni hier son bureau politique, compte se prononcer sur cette question, mais aussi sur l'ensemble des sujets chauds du moment, aujourd'hui, à l'occasion d'une conférence de presse qu'animera la porte-parole du parti, Louisa Hanoune. En attendant, les responsables ont refusé de faire le moindre commentaire sur cette question. Le FLN et le MSP se sont tout simplement inscrits aux abonnés absents, éteignant leurs portables et se faisant porter disparus au niveau de leurs sièges respectifs. Du côté des partis de l'opposition, le ton est tout autre. Dhahid Younsi, chargé de la communication du MRN de Saâd Abdallah Djaballah ne mâche pas ses mots pour dire qu' «il n'y a pas de changement. Même ceux que l'on pense partis, Temmar en l'occurrence, ne sont que recyclés au sein de la présidence ou du gouvernement, comme ce fut le cas pour Benachenhou». Notre interlocuteur dément tout contact entre son parti et le Chef du gouvernement, rappelant avec force qu'il «se trouve dans l'opposition», ajoutant que «la présidence et le gouvernement sont en train de jouer des rôles, tenant de respecter l'article 79 de la Constitution, alors que la composante humaine de l'Exécutif était connue depuis longtemps, peut-être même avant le départ de Benflis et son remplacement par Ouyahia». Notre source ajoute «souhaiter que tout le monde prenne conscience de cette mascarade qui ne trompe plus personne». La réaction du FFS, qui promet un communiqué officiel dans les prochains jours, est encore plus virulente. Joint hier par téléphone, le chargé de la communication, M.Tabou, attaque d'entrée de jeu, pour dire que «le limogeage de Benflis est une mise en scène. Il s'agit d'une tempête dans un verre d'eau». Le parti de Hocine Aït Ahmed explique cela par la nécessité de «fausser les vrais termes du débat, qui est le quotidien du citoyen et ne laisser en surface que la bipolarisation Bouteflika-Benflis». Il ajoute que «la composante gouvernementale maintient en l'état le statu quo et est la résultante de luttes intestines du sérail alors que nous savons que le plan de charge du gouvernement est élaboré par les généraux». Aux yeux du FFS, «l'objectif final de cela est de disqualifier les partis politiques d'opposition en prévision de la présidentielle afin de ne laisser visibles que les animateurs de façade».