Quand j´étais jeune (eh oui! j´ai été jeune jadis quoi qu´en disent mes détracteurs qui croient que je suis né avec les cheveux gris et des rides sur le cerveau: nous avons tous été jeunes au début... Puis, on a vieilli), j´ai été pris dans le tourbillon de l´avènement d´une indépendance longtemps attendue, chèrement acquise, amèrement consommée... Malgré l´été de la discorde et les divers coups d´Etat qui s´ensuivirent, je croyais dur comme fer que, tôt ou tard, mon pays se relèverait et sortirait vainqueur de tous les défis et surmonterait tous les obstacles posés sur son chemin par ses ennemis de l´extérieur ou de l´intérieur. Bref, la propagande officielle aidant grâce au musellement de la presse et à une censure totale et une répression, tous les esprits vierges ou naïfs étaient persuadés que chaque budget voté en fin d´année dans une atmosphère empreinte de solennité allait ramener pour chaque ménage une amélioration significative dans tous les domaines: santé, transport, éducation, emploi, prix, logement. Il faut souligner que, chaque année, les sommes allouées aux divers budgets gonflent, enflent... Et chacun espère recueillir dans cette croissance un petit chouia dans son panier, dans son porte-monnaie... En vain... Les années passent, des fortunes astronomiques se forment à un pôle de l´économie tandis que le reste de la sphère active pédale dans le yaourt. Les responsables ne cessent de se gargariser des victoires gagnées et des acquis alors que le fossé entre nantis et indigents ne cesse de se creuser, minant un peu plus chaque jour, chaque mois, chaque année, l´esprit de solidarité qui devrait exister dans une nation. Il est pourtant facile de faire chaque année le bilan de chaque budget. Après chaque exercice, il doit être facile pour tous les services de l´Etat de faire, à force de recoupements, le bilan de chaque budget voté. Une somme d´argent allouée génère automatiquement la création d´une quantité d´emplois qui vont renflouer le porte-monnaie des ménages et créer, par la même occasion, une certaine richesse qui justifiera la dépense. La construction d´un barrage, de logements, d´écoles, de routes n´est évidemment rentable qu´à long terme alors que la création d´entreprises industrielles, agricoles, la subvention de produits agricoles ont des effets presque immédiats sur la vie du citoyen. Il y a évidemment, dans les bilans officiels, une part d´incertitude: c´est celle qui concerne les parts de budgets qui se sont évaporées entre l´ordonnateur et le consommateur tout comme les budgets alloués aux opérations de prestige comme «Année de l´Algérie en France» ou «Alger, capitale de la culture arabe». Quels sont les montants dépensés dans ces coûteuses opérations? Quelles sont leurs retombées économiques sur la vie des citoyens algériens? Devant le silence de certaines institutions et les voix discordantes de certains responsables concernant la crise de la pomme de terre qui sévit en Algérie depuis plus de 8 mois, certains arrivent même à se demander s´il ne serait pas plus profitable au pays que Khalida Toumi et Barkat joignent leurs efforts (avec le concours de Sidi-Saïd et de Ould Abbès) pour organiser une année de «Alger, capitale de la culture de la pomme de terre...»