Quand on veut comprendre ce qui pousse un individu à quitter le lieu de sa naissance, le milieu qui l´a vu grandir, le cercle familial, rassurant et/ou contraignant, l´environnement familial, il n´y a qu´à regarder les immenses troupeaux de gnous qui traversent les Serenguetti fuyant l´implacable sécheresse, toujours à la recherche de nouveaux pâturages, plus verts, plus frais, plus gras... Il faut se remémorer aussi les siècles des grandes invasions qui ont vu les hordes de Tartares, de Mongols, de Turcs, de Scandinaves quitter leurs terres désolées pour s´installer dans des pays à climat plus tempéré. Est-ce la démographie galopante qui pousse ces populations à l´émigration brutale? Est-ce un tarissement soudain de ressources? Un changement climatique soudain qui provoque l´assèchement des cours d´eau? Ou bien est-ce un tropisme inexplicable? Peut-être sont-ce tous ces facteurs réunis! Il faut se rendre à l´évidence, aujourd´hui plus qu´hier, qu´aucun pays ne peut vivre en autarcie. Les besoins alimentaires et en matières premières augmentant et se diversifiant, les échanges sont devenus au cours des âges obligatoires et ils sont allés en se densifiant. Cependant, à l´époque moderne, il y a un courant moderne, pacifique qui s´est imposé aux analystes de la géopolitique: le développement humain. Les guerres modernes, les changements climatiques, les famines ont provoqué des mouvements de populations pacifiques. La famine en Irlande provoqua au XIXe siècle un exode massif vers le Nouveau-Monde. La France dut faire appel à la main-d´oeuvre de ses colonies pour pouvoir supporter l´effort de la Grande guerre. Les bouleversements provoqués par cette dernière et par la Révolution soviétique ont déplacé des populations européennes. La guerre civile d´Espagne a provoqué une hémorragie à ce pays. Les guerres d´indépendance ont fait de même dans les pays du Sud...Cependant, il y a un phénomène nouveau que l´on observe depuis quelques décennies. Le déficit démographique des pays développés: les récentes grèves qui paralysent la France et qui ont pour objet la réforme des régimes de retraite posent, d´une manière crue, le problème du vieillissement de la population française, vieillissement qui affecte les autres pays développés. Avec l´allongement de l´espérance de vie, les retraités seront plus nombreux, et avec les progrès technologiques, les travailleurs qui financeront ces retraites seront de moins en moins nombreux. Les décideurs français sont ainsi confrontés au problème de la quadrature du cercle. Ainsi, après avoir vu l´épuisement de leurs ressources en matières premières, les pays développés sont confrontés au vieillissement des ressources humaines, alors qu´en face, dans les pays du Sud, cette ressource est pléthorique. On comprend mal le raidissement des pays du Nord, leurs nouvelles lois restrictives en matière d´immigration, alors que jamais, ces pays n´ont été dépendants autant qu´aujourd´hui des matières premières du Sud: le pétrole, les minerais rares, les métaux, le gaz proviennent en grande partie du Sud. On vient d´apprendre que même l´Allemagne va importer de l´énergie solaire de l´Algérie. Que ne pourra-t-on exporter demain? du vent, du sable... Mais puisque les pays du Sud ont une pléthore de main-d´oeuvre, il serait plus équitable de conditionner les ventes de matières énergétiques par de nouveaux quotas d´émigrés. Ainsi, tout le monde y trouvera son compte: les pays du Nord comme ceux du Sud équilibreront ainsi leur pyramide démographique et les harragas et autres boat-people ne seront qu´un mauvais souvenir.