«L´artiste doit se faire regretter déjà de son vivant!» René Char, Extrait de Art bref Elle avait fait le succès de ce Ramadhan avec sa participation à la série la Famille Djemaï de Djaâfar Gassem, elle avait fait sensation cette dame au seroual rechka et sa meherma à l´algéroise, façon Fadéla Dziria. Khalti Doudja nous a quittés en beauté et surtout en nous laissant ce magnifique souvenir de Khoukha, créé de toutes pièces pour elle, par le réalisateur et créateur Djaâfar Gassem. Ce dernier lui a même consacré un épisode en deux parties pour lui rendre hommage. Une dame qui avait souvent été utilisée comme figurante dans un décor, toujours membre d´une famille qui vient demander en mariage une fille. Sa silhouette imposante et surtout son look d´une vieille bourgeoise avec ses larges lunettes et ses répliques algéroises façon «bouh aâlik», avaient fait son succès dans de nombreux films dans les années 70. Elle passait pour quelques minutes mais elle était toujours présente dans les esprits comme une dame respectable. Elle avait même participé, et c´est une première pour une dame qui avait dépassé les 80 ans, dans plusieurs spots publicitaires, notamment ceux de Danone ou encore Isis consacrés au Ramadhan. Sa silhouette avait été sollicitée dans le clip de Warda sur El Djazaïr. Khalti Doudja était souvent sollicitée pour apporter cette touche algéroise tant perdue dans la culture algérienne. Elle ne parlait pas beaucoup, mais son visage d´ange et de grand-mère sévère et soucieuse des traditions était souvent présent dans ses apparitions. Djaâfar Gassem avait découvert en elle, cette âme de femme particulière, qui, même avec son silence, exprimait toute une sagesse perdue, une éducation passée et une culture antérieure. En lui créant ce rôle de vieille dame silencieuse, qui retrouve le temps d´un temps, la parole, ses souvenirs d´enfance et sa poupée offerte par une Française, nous renvoient des années dans le passé. Ces années de Dar sbitar où, avec Chafia Boudraâ, Biyouna et les autres, nous avaient fait aimer les premiers feuilletons algériens. Des feuilletons qui étaient loin de cette dichotomie (guerre et société) et qui avaient laissé cette impression de vivre des instants intérieurs avec cette famille pauvre. Des feuilletons où les comédiens avaient chacun sa place et ne se concentraient pas sur un seul personnage comme dans Imarat Hadj Lakhdar. Dans un univers audiovisuel anarchique et parfois sauvage, les anciennes vedettes du petit écran, telles que Chafia Boudraâ, Farida Saboundji, ou encore Keltoum n´étaient pas conviées, on préfère laisser place à des comédiennes sans talent ni parcours. Djaâfar Gassem qui avait donné sa plus grande chance à Karim Zinasni, avant que celui-ci ne disparaisse subitement, démontre son amour pour les vieilles icônes de la télévision. Alors, merci encore Djaâfar, d´avoir donné cette occasion à cette dame de mourir en star. Sans ton aide, elle serait morte sans laisser de trace et surtout dans l´anonymat total. Le Ramadhan ne sera jamais comme d´habitude et la famille Djemaï, qui devait reprendre du service, n´aura pas le même sens et Souilah sera sûrement bien seul dans cette série à défendre la culture du passé et les souvenirs d´antan. [email protected]