Le Ramadhan devant son petit écran est différent cette année avec l'absence de plusieurs figures célèbres de la comédie algérienne, telles que Souileh, Lakhdar Boukhers, Bouaâkaz et Biyouna. Ces figurent qui ont occupé les foyers algériens durant le Ramadhan bien plus d'une décennie, ont disparu de la grille télé du Ramadhan 2010, donnant un goût amer aux sketchs-chorba de l'Unique, cette année. Mais l'absence de stars de l'humour, qui ont égayé nos soirées télé, n'est pas due aux choix de l'Entv, mais à l'absence d'initiatives des producteurs qui n'arrivent pas à faire face au nouveau phénomène qui touche l'audiovisuel algérien: le star-system. Ces comédiens sont tout simplement devenus trop chers pour les producteurs locaux. Parmi ces grands absents de ce Ramadhan télé, il y a Salah Ougrouth bien connu sous le nom de Souileh. Le héros de la Famille Djemaï et de Nass Mlah City¸ a jeûné artistiquement cette année. Sa défection est due à l'absence d'une offre intéressante de la part des producteurs sélectionnés pour la grille de Ramadhan. Habitué à travailler dans les fictions, Djaâfar Gassem n'était pas inscrit dans le cadre de l'émission la Caméra cachée cette année. Souileh refuse de jouer dans la Caméra cachée. Il faut dire qu'il n'accepte pas n'importe quel travail et surtout n'importe quel cachet. Aucun producteur n'est prêt à investir 300 millions de centimes dans le talent confirmé de Souileh. Notre comique national a même refusé de travailler dans le sitcom tunisien Nsibti Laziza, diffusé sur Nessma TV, quand il a été sollicité pour faire quelques apparitions. Les frères Karoui n'ont pas accepté le montant du cachet demandé par le comédien algérien. Seul Djaâfar Gassem est prêt à accepter ce deal. Certains producteurs qui ne se soucient pas de la qualité de l'oeuvre, ni du marketing, du nouveau star-system, préfèrent recruter des comiques de seconde zone et mettre la différence dans leur poche. Pour le moment, Souileh attend de reprendre son rôle pour la version cinéma de la Famille Djemaï et, pour garder ses liens avec le public, il participe à des spectacles humoristiques à Béjaïa, lors du Festival du rire. C'est pour ces mêmes raisons que Kamel Bouaâkaz ne participe à aucune production durant ce Ramadhan, si ce n'est quelques apparitions dans des sitcoms. Depuis son aventure en Tunisie, Kamel Bouaâkaz a beaucoup appris professionnellement et n'accepte pas de jouer dans des sketchs à deux sous. Il est resté de nombreux mois en Tunisie pour préparer une pièce théâtrale. Il va bientôt préparer le montage de son one-man-show Naaoura, ce qui explique son absence des productions audiovisuelles locales. Bouaâkaz avait accepté l'année dernière de jouer le second rôle de kahwadji dans la série de Djemaï Family, après avoir tenu le rôle principal dans la série Binatna, Hal oua ahouel et Nass Mlah City. Ce star-system a touché bien avant eux, Biyouna, qui a compris que pour bien se faire respecter il faut placer la barre très haut. Baya Bouzar, plus connue sous le nom de Biyouna, a redémarré sa carrière audiovisuelle dans les années 90, notamment avec les productions du Ramadhan. Elle a surtout explosé avec la série Nass Malh City 1 et 2. Mais c'est sa carrière cinéma avec Nadir Moknache qui va lui ouvrir les yeux sur un system-star qui n'est pas appliqué et reconnu en Algérie. Il faut dire que notre Biyouna nationale a failli partir après une tentative de suicide en 2002, à cause d'un logement qui n'a jamais été attribué. Hébergé dans un étage de villa de sa meilleure amie, Biyouna prend sa carrière en main et se relance grâce à Nadir Moknache qui lui offrira les plus beaux rôles de sa vie (Harem de Mme Osmane, Viva l'Aldjerie et Delice Paloma) et la fera connaître hors de l'Algérie. Même si elle n'a pas accepté de jouer dans Nass Mlah City 3 et dans La famille Djemaï, Biyouna a accepté un rôle très symbolique dans le feuilleton de Djaâfar Gassem Maouid maâ el kadar. Biyouna est devenue une star et certains producteurs ne l'ont pas encore compris. Elle n'accepte aucun rôle au-dessous de 350 millions de centimes. A côté du cinéma, du théâtre et même de la chanson, s'ajoutent les offres de publicité des grands opérateurs de téléphonie mobile. Depuis deux ans, elle gère bien son calendrier. Une pièce théâtrale par-ci et un téléfilm par-là et entre les deux, des apparitions dans des séries comiques maghrébines. Mais, depuis 2007, elle n'est plus apparue à l'Entv. Elle a, en revanche, participé à deux séries magrébines diffusées par Nessma TV: en 2009 dans Zorroh réalisé par le Marocain Mohamed Achaour et cette année, dans la série produite par les frères Karoui Nsibti Laziza réalisé par le Tunisien Slaheddine Essid. C'est une façon à Biyouna de rester fidèle à son public et de répondre aux producteurs qui ne l'ont pas sollicitée car elle était trop chère. L'autre grand absent de ce Ramadhan, c'est Lakhdar Boukhers, plus connu depuis, sous le nom de Hadj Lakhdar. Contrairement à Souileh, Bouaâkaz et Biyouna, Lakhdar Boukhers est «producteur de lui-même». C'est lui qui fixe les cachets et le montant de la production. Mais la nouvelle direction de l'Entv, ne le voit pas de cet oeil. Depuis, Boukhers est en désaccord avec l'Entv refusant les barèmes annoncés aux producteurs. Depuis, Lakhdar Boukhers s'est installé en France où il prépare un long métrage cinéma pour de nouvelles aventures de Hadj Lakhdar. «Quand on regarde combien touchent les stars arabes pour jouer dans des feuilletons, on donne raison à nos comédiens», explique un producteur, qui imputent ses absences au budget modeste alloué aux productions de Ramadhan. Aujourd'hui, le constat est là, l'absence de ces figures importantes de la comédie algérienne a influé négativement sur la qualité des productions de l'Unique, qui ne doit son salut qu'à la «caméra cachée» de Djaâfar Gassem «Wash Dani», qui reste malgré tout le meilleur produit de la grille de Ramadhan 2010, puisque le produit regorge de stars piégées gratuitement.