Quoi de plus normal que de faire de grandes annonces fracassantes à la veille de la célébration d´un anniversaire? C´est une pratique tellement répandue chez les régimes où la démagogie, le tape-à-l´oeil, le trompe-l´oeil et l´esbroufe tentent de masquer en vain les carences d´une gestion défaillante et d´une absence de perspective concrète que cela ne prend plus, chez le citoyen le plus borné. Ainsi, quelques semaines avant le 28 octobre, le 21 boulevard des Martyrs annonçait, lors d´un point de presse, que chacun des avatars de l´Unique aurait son programme propre et jouirait d´une certaine autonomie, alors que jusqu´ici, les chaînes étaient réduites à des canaux d´émissions décalées tout simplement. Cette annonce avait été précédée par une autre qui promettait pour bientôt (aux calendes grecques certainement!) la création de chaînes spécialisées qui viendraient égayer le terne espace audiovisuel d´un champ qui se rétrécit de plus en plus. Mais, à la veille de la célébration du recouvrement de la souveraineté des ondes hertziennes par le pouvoir en place, deux autres annonces sont faites: le tout-numérique (la TNT), sans qu´on nous dise le prix d´achat d´une telle technologie qui ajoutera du vent au vent, et, tenez-vous bien, l´émission sur Internet de 35 heures d´archives. Pourquoi 35 heures seulement et non 36, 69, 104 ou 132? Mystère et boule de gomme! Les illusionnistes du boulevard Bru n´auraient réussi, après presque deux décennies d´efforts louables, à ne restaurer que 35 heures d´archives! Piètre résultat si cela s´avérait ainsi! A moins que ces 35 heures correspondent aux documents «restitués» par l´INA, dans une qualité impeccable et disposant d´un code spécifique. Ces archives ne concernent, hélas, que des événements anodins comme l´inauguration des chrysanthèmes, la fête du Centenaire ou le tour cycliste de la Mitidja. Pas de quoi faire rêver en somme! Peut- être que ces 35 heures d´archives ne correspondent qu´à la somme des émissions jugées dignes de représenter le parti unique ou la voix de son maître. Quand on sait que les caves de la Grande maison comme celles du Centre des archives nationales recèlent (plus qu´elles n´abritent) plus de 30.000 boîtes d´émissions diverses sur des supports divers et en différents formats, on ne peut que demeurer dubitatif sur la consistance de ce qui est «offert» aux internautes intéressés par des archives filmées. On espère tout de même que ces 35 heures ne correspondent pas au stock des discours de Boumediène, revus et corrigés par les services de la Présidence de l´époque. A moins que ce ne soit la compilation des récitals de Hadj M´hamed El Anka ou Dahmane Ben Achour, Fadila D´Zirya, Oum Keltoum ou les causeries religieuses payées en devises de l´Imam El Ghazali. En tout cas, cela ne peut concerner ni Cheikh El Hasnaoui, ni Slimane Azem et encore moins Matoub Lounès. J´ai vu le parcours du combattant effectué par une courageuse journaliste qui voulait réaliser, dès le mois de mai, le portrait de cette personnalité brillante que fut Mouloud Kassim Naït Belkacem, ancien ministre des Habous: elle avait dû se rabattre sur un vieux travailleur parti en retraite depuis huit ans pour avoir les références des séquences concernant ce personnage qui ne pratiquait nullement la langue de bois!