«Le petit écran a étendu les frontières du village et du quartier à la dimension du globe.» Hervé Bourges Extrait de Les Dossiers de l´audiovisuel Le service public à l´ère de la TNT (télévision numérique terrestre) a été le thème d´une table ronde organisée au Musée du moudjahid pour débattre de la problématique de l´introduction de la TNT, ses enjeux, ses effets juridiques et son impact sur la structuration des organismes de la télévision. Alors la TNT (franchement, celui qui a inventé ce nom, a du génie). Cela me rappelle cette fameuse problématique de la poule et de l´oeuf. Qui a été engendré le premier, l´oeuf ou la poule? C´est la même problématique chez nous, en ce qui concerne la TNT. Au moment où l´audiovisuel algérien est à son plus bas niveau politique et commercial, on cherche plutôt à «cacher le soleil avec le tamis». Faut-il parler de TNT quand, nous, officiellement, avons une seule télévision et deux chaînes... publiques: Canal Algérie et l´Entv et zéro chaîne privée. Alors qu´au même moment, le Maroc dispose de 6 chaînes différentes, dont 1 privée (Médi Sat) et une semi-privée, la 2M. Comment peut-on parler de TNT quand la Tunisie dispose de deux chaînes publiques et deux chaînes privées: Hannibal et Nesma TV. Ne parlons pas de l´Egypte, qui reste un modèle d´ouverture audiovisuelle malgré son verrouillage politique. Les chaînes égyptiennes privées du bouquet Nile TV, telles que Dream, Aflam ou encore OTV (Orascom TV), constituent le porte-étendard de la culture de Misr Oum Eddounia. Comment peut-on parler de la TNT et écarter (pour le moment) l´idée de création d´une chaîne privée, alors que tout est prêt pour l´entrée de plain-pied dans l´ère de la mondialisation. En dépit de sa puissance économique, de sa force intellectuelle, de sa diversité culturelle et de sa qualité caractérielle qui la différencient des autres pays du Maghreb, l´Algérie est malheureusement en retard d´un siècle dans le domaine de la démocratie audiovisuelle. Si son expérience dans la presse écrite et dans la téléphonie mobile a été un exemple de réussite dans le Maghreb, elle l´est moins pour ce qui est de la démocratisation du petit écran. Et pourtant, les politiques tels que le Premier ministre (plutôt, le chef du gouvernement) Ouyahia, a été favorable à la création de nouvelles télévisions avec un capital public et privé. Aujourd´hui, on attend le feu vert, orange et jaune pour libéraliser un secteur resté inexplicablement en veille politique. Tous les opérateurs privés algériens sont déjà prêts pour l´aventure et veulent marcher sur les traces des Boloré, Lagardère ou Bouygues et surtout mieux perpétuer l´image du pays à travers le tableau coloré du satellite. La TNT ne fera qu´améliorer la qualité de l´image mais pas de son produit. On recevra l´Entv sans grains ni effet Larsen. Alhen oua Chabab sera plus colorée et le son plus stéréo et le JT débutera toujours avec les activités gouvernementales comme le stipule le cahier des charges rédigé depuis les années 60. En d´autres termes, il faudrait d´abord ouvrir l´audiovisuel avant de faire exploser l´écran avec la TNT.