son organisation promet de commettre des attentats plus spectaculaires dans un avenir encore indéterminé. Les trois attentats-suicide de Riyad ont visé quasi exclusivement les intérêts des Américains et de leurs alliés immédiats, notamment anglais et australiens. Plus de 90 morts, on compte une dizaine d'américains alors qu'une vingtaine d'autres ont été blessés ainsi que de nom-breux Britanniques et australiens parmi les centaines de personnes atteintes. L'attaque frappe les esprits. Elle a eu lieu au sein d'un complexe résidentiel où habitent des étrangers, notamment beaucoup d'Américains, qui sont au nombre de 40.000 dans la région. Al-Qaîda, dont l'empreinte paraît indéniable dans cette affaire, semble avoir pris son temps, mûrement planifié son plan, avant de commettre ces trois attentats-suicide quasi simultanés. La loi de la simultanéité, pareille à celle des attentats du 11 septembre, est une des marques prisées par Ben Laden. Powell, déjà arrivé dans la région, a immédiatement pointé un doigt accusateur en direction d'Al-Qaîda alors que de nombreuses chancelleries occidentales, dans des messages de condamnations, en ont fait de même. Cela sans compter la revendication implicite de l'attentat de la part d'Al-Qaîda. Ce réseau, en effet, a implicitement revendiqué hier ces attentats dans un message électronique adressé à l'hebdomadaire saoudien Al-Majallah. Interrogé par le journal par courrier électronique après les attentats, un responsable d'Al-Qaîda, Abou Mohamed Al-Ablaj, affirme que le groupe «planifiait depuis longtemps des opérations d'envergure dans le Golfe où il a stocké de grandes quantités d'armes et d'explosifs». Les attentats du 11 septembre ont, eux aussi, nécessité plusieurs années de préparation et de planification avant d'être mis à exécution. La veille, une alerte était donnée contre des attentats de grande envergure en Arabie Saoudite. Notre journal s'en était fait l'écho. Cela, au moment où trois ulémas wahhabites, en fuite, avaient confirmé leur appel au djihad et soutenu les actions d'Al-Qaîda jusqu'à ce que les Américains se retirent des territoires saints d'Arabie Saoudite. Ceux qui pensaient que Al-Qaîda allait frapper durant le conflit contre l'Irak ont, sans doute, sous-estimé les qualités de fins stratèges des dirigeants de cette organisation. Les planificateurs semblent avoir attendu que la vigilance se relâche. Déjà, l'on parle d'attentats encore plus importants et plus spectaculaires dans d'autres régions du monde contre les intérêts occidentaux, y compris en territoires américains. Les autorités américaines mettaient en branle le plan «Topoff 2» au moment même où étaient commis les attentats de Riyad. Ce plan consiste à réagir, en grandeur nature, à deux attentats majeurs touchant simultanément deux grandes métropoles américaines. Le plan, encore classé top secret, s'est déroulé à Seattle près de Washington à l'Est et Chicago, dans le Sud-Ouest. Les simulations ont concerné des bombes sales, aussi bien chimiques que radioactives. La France, qui n'est pas en reste, vient de mettre en application, secrètement aussi, un plan de secours d'urgences en cas d'attentats nucléaires commis sur son territoire. Même s'il est permis de se poser des questions sur le retour brusque de Ben Laden sur le devant de la scène médiatique au moment où Saddam ne fait plus peur à personne, il faut aussi dire que les actions américaines et leurs alliés ont mis beaucoup d'arguments entre les mains des «prosélytistes» d'Al-Qaîda depuis que l'on a compris que seule la force compte dans le monde, que les dirigeants arabes ne pèsent aucunement et que les drames irakien et palestinien confirment que le mot «croisade» sorti un jour de la bouche de Bush n'était pas si innocent que cela. La guerre des médias et des images, qui fait encore rage, risque d'être remportée par les terroristes puisque les médias occidentaux eux-mêmes, commentant la probable visite de Powell dans un des lieux de l'attentat, n'avaient pas pu s'empêcher de dire que le secrétaire d'Etat américain risquait d'être confronté à des horreurs pareilles à celles qui avaient accompagné les bombardements des villes irakiennes par les forces américaines... Ce n'est pas tout. Des rapports directs existeraient entre ces attentats et celui commis en Tchétchénie dimanche et qui s'est, lui, soldé par une cinquantaine de morts.