L'île de Bali en Indonésie a été de nouveau secouée par des attentats terroristes. Trois ans, jour pour jour, après le meurtrier attentat du 2 octobre 2002 qui a fait près de 200 morts, l'île touristique de Bali a, de nouveau, été la cible, dans la soirée du samedi, de plusieurs attentats, qui ont fait de nombreux morts et près de 200 blessés. Si le bilan des morts a été revu hier à la baisse, avec un chiffre arrêté provisoirement à 26 morts, alors qu'il a été annoncé auparavant la mort de 32 personnes, essentiellement des touristes, il n'en reste pas moins que cette nouvelle offensive de groupes armés contre les infrastructures touristiques de l'Indonésie met en lumière leur objectif d'isoler le pays et de le mettre sur la liste rouge des destinations dangereuses. Comme en 2002, où il y a eu à déplorer la mort de plus de 200 personnes, dont 88 touristes australiens, ce sont encore des Australiens qui ont encore été les premières victimes de ces nouvelles attaques terroristes. Les attentats suicide, selon les premières investigations de la police locale, ont visé trois restaurants situés dans deux stations balnéaires de l'île, Jimbaran et Kuta, très prisées par les touristes qui les envahissent en groupe lors des grandes périodes de vacances. C'est ce même secteur touristique, rappelle-t-on, qui a été visé par le terrible attentat d'octobre 2002. Principale cible de ces attentats, l'Australie, marquée par les attaques de 2002, n'a cessé ces derniers temps d'avertir ses ressortissants quant au danger de possibles attentats en Indonésie. De fait, le ministère des Affaires étrangères australien avait, le 10 juin dernier, émis des avertissements recommandant à ses ressortissants d'éviter tout voyage «non essentiel» en Indonésie après des mises en garde de la police indonésienne sur de possibles attentats contre des cibles occidentales. En septembre de l'année dernière, l'ambassade d'Australie à Jakarta avait été l'objet d'un attentat suicide, qui a fait des victimes parmi les passants. De fait, allié privilégié des Etats-Unis, l'Australie - dont des contingents militaires stationnent en Irak - est devenue l'une des cibles d'Al Qaîda et de son représentant local, le groupe de la ‘'Jamaâh Islamiyah'', «démantelé», et plusieurs de ses chefs emprisonnés, depuis les attentats d'octobre 2002, selon les affirmations des autorités indonésiennes. De fait, pas plus tard que mardi dernier, des experts d'une organisation spécialisée, International Crisis Group, ICG, affirmaient que la ‘'Jamaâh Islamiyah'' «n'était plus une menace sérieuse pour l'Australie» comme l'indique le président d'ICG, Gareth Evans, selon lequel «le réseau régional de la Jamaâh Islamiyah a effectivement été mis hors d'état de nuire par la police indonésienne et les opérations des services de renseignements, appuyés par l'Australie. Il ne constitue plus de menace en Indonésie ou ailleurs». Se pose toutefois la question de savoir si ce groupe a encore les moyens d'agir ou si ce sont des résidus encore en activité de la ‘'Jamaâh Islamiyah'' qui sont derrière les attentats de samedi soir. Aucune revendication n'a été faite hier quant à cette nouvelle attaque de trois restaurants touristiques à Bali. Le président indonésien, Susilo Bambang Yudhoyono, qui s'est déplacé hier sur les lieux des attentats, a confirmé que ceux-ci étaient bien des attaques suicide. «Le résultat des investigations montre pour l'instant que les attentats ont été perpétrés par des kamikazes», a déclaré le chef de l'Etat à partir des sites ayant subi l'attaque. «Il est évident que nous devons prendre des mesures plus efficaces pour prévenir les attentats-suicide», a ajouté M.Yudhoyono. La thèse de kamikazes est également privilégiée par les enquêteurs. «Nous pensons qu'un kamikaze était impliqué dans chacun des trois sites», a déclaré de son côté le chef de la section antiterroriste au ministère de la Sécurité. Ainsi, la thèse d'attentats commis par des kamikazes s'est imposée hier aux policiers qui ont retrouvé sur les lieux des attentats des indices indiquant que les mêmes modes opérationnels de la Jamaâh Islamiyah ont été utilisés dans les attentats de samedi soir à Bali, dans le coeur de son industrie touristique. Ansyaab Mbai, chef de la section antiterroriste au ministère de la Sécurité, a ainsi affirmé que «le mode opératoire est très similaire à de précédents attentats (suicide), avec l'utilisation de sacs à dos, dont des morceaux ont été retrouvés sur les sites des attentats».