Devant un contentieux «idiot», la juge du pénal a répliqué par l´intelligence... L´inculpé de non-paiement de la pension alimentaire se dé-fend: «Les enfants sont à ma charge depuis 2001 sans avoir la hadhana!» «Attendez, attendez, inculpé. Qui a la garde des enfants?», demande sans regarder, la juge «La maman», répond soudain effarouché, l´inculpé. «Et alors, vous devez à vos enfants 64 millions de centimes», répond la juge qui écoute l´ex affirmer et confirmer que les enfants sont chez leur père depuis 2001 car il refuse de verser la pension et le loyer du logement pour les enfants. Il y a donc problème: «Puisque les enfants sont chez leur père, pourquoi demandez-vous de l´argent? Et pourquoi avoir attendu sept ans pour réclamer vos quatre enfants âgés de vingt à douze ans?», s´exclame Sadelaoud qui verra Maître Abdenacer Affif, l´avocat de la victime, dire sa colère devant l´attitude du père qui ne veut pas assurer ses obligations judiciaires. «Cette situation ne peut cesser que par un autre jugement accordant la garde des enfants au père, car jusqu´à ce jour la garde est en faveur de la mère», a dit l´avocat ému mais sûr de ses propos surtout qu´il a rappelé que la victime n´a reçu que l´argent des dommages et intérêts du divorce. Maître Ouchar Hassiba, l´avocate de l´inculpé, cherche des doigts, un document précieux qu´elle remet à la juge déjà fixée sur le sort de ce papier. Entre-temps, Maître Affif revient aux frais du loyer à accorder à la mère qui a été «renvoyée» de chez son mari. «Donc, c´est au papa à loger ses enfants avec la maman qui a la garde», ajoute l´avocat qui maintient ses demandes: 76.000 dinars d´arriérés dû des enfants outre 40.000 dinars pour le préjudice moral subi. Mohamed Touidjini, le procureur demande une peine de prison ferme et une amende. Cela suffira pour que Maître Ouchar mette la fleur au fusil pour contrer, et Maître Affif et le procureur. «Madame la présidente, l´affaire est simple. Quatre enfants vivant avec leur père car leur mère n´est jamais venue demander leur garde. Le tribunal d´El Harrach l´avait même déboutée sur une demande portant chute de garde des enfants. Le délit n´existe pas et surtout pourquoi devrait-il payer, un loyer pour des enfants qui résident chez leur père», a soufflé l´avocate qui a réclamé la relaxe. Maître Affif réplique autour d´une partie de la plaidoirie portant sur le défaut de qualité. La juge rappelle qu´à dix-huit ans, le garçon ne reçoit plus de pension et la fille la touchera jusqu´au mariage. Et Sadelaoud trouve ce dossier tordu qui va donner un verdict: «Idiot!» Absurde! «Vous avez piétiné les procédures et mes attendus seront plus que difficiles à rédiger. Vous avez tout entrepris pour marcher sur les plates-bandes du droit. Vous êtes là, attendant chacun une décision qui arrange. C´est révoltant à la limite et ma colère est justifiée. Vous divorcez. Madame a la garde des enfants sur le jugement. Monsieur prend les enfants chez lui et la justice est appelée à démêler cet écheveau.», qui a poussé la présidente à rigoler, histoire d´effacer le mot «idiot» utilisé juste pour faire ouvrir les yeux à ce malheureux couple pas idiot mais tout de même au comportement...«idiot» et ici, sans rejoindre la juge dans l´usage de ce qualificatif, nous voulons tirer la sonnette d´alarme sur ces ruptures nocives pour les enfants que la loi (heureusement) protège. Mais Ouchar Hassiba, elle, était restée en biais en suivant les débats car la pénibilité d´une affaire aussi douloureuse, touche immanquablement toutes les familles présentes dans une salle d´audience où l´on y relève des vertes et des pas mûres. Quant à Sadelaoud, la présidente, l´intonation de sa voix restera longtemps avec ses échos qui bourdonnent dans les oreilles du sympathique Maître Mohammed Hanafi qui semble parler avec les yeux avec l´autre Mohammed Touidjini, le procureur de l´audience, un parquetier aux dents longues qui suivra la relaxe du papa sans broncher...