«Toutes les images sont des mensonges, l´absence d´image est aussi mensonge.» Bouddha Comment redorer l´image des juifs et surtout d´Israël ternie par sa sale guerre à Ghaza? C´est en tout cas, l´objectif que se sont fixé quelques télévisions européennes et notamment françaises, en diffusant des films qui dénoncent l´holocauste comme «La liste de Schindler» ou comme des documentaires qui enfoncent le Hamas, sorti renforcé de cette guerre sur le plan médiatique et politique. C´est en tout cas ce que Arte, la chaîne franco-allemande, connue pour être l´espace de diffusion des programmes qui valorisent le combat pour la liberté et la démocratie et parmi les télévisions qui diffusent le plus de documentaires sur la période noire des nazis, a tenté de faire hier. Lors de sa soirée Thema, Arte a eu le souci de programmer un documentaire très intéressant intitulé Au coeur du Hamas, du réalisateur argentin Rodrigo Vazquez. Même si on ne dit pas ouvertement que le documentaire est produit par une boîte israélienne, tenue, par Azmi Keshawi, on met l´accent sur le travail de ce réalisateur argentin qui a souvent filmé la guerre, en Amérique centrale et au Moyen-Orient. Il a pu tourner, en novembre dernier, pendant quatre semaines à Ghaza, avant que la guerre n´éclate dans la région. D´ailleurs, plusieurs personnes qui ont été interviewées dans ce documentaire ont été tuées. C´est le cas de l´officier de police du Hamas et ancien combattant Abu Naïm, qui a été tué par un missile israélien, peu après la réalisation de ce reportage. Le documentaire Au coeur du Hamas plonge dans les coulisses de l´organisation islamiste, en révélant des images inédites, montrant le chef d´état-major lorsque ses hommes ont placé des bombes piégées au bord de la route ou encore le Premier ministre, Haniyeh, dans son rôle d´imam distribuant ses faveurs aux gens, à la manière du parrain. Mais l´image la plus marquante a été sans nul doute, la bastonnade contre des militants du Fateh qui refusaient de prier à l´intérieur de la Mosquée pour se démarquer de la politique du mouvement islamiste qui dirige d´une main de fer Ghaza. Cette image a été très négative pour l´image dite populaire du mouvement Hamas. Le réalisateur a su bien l´utiliser pour rappeler que le mouvement Hamas est un parti radical, à l´image des taliban en Afghanistan. Mais ce documentaire qui n´est pas dans son contexte actuel, offre une autre vision du Hamas, que celle qu´il a obtenue aujourd´hui, en résistant à l´une des plus grandes armées du monde. D´ailleurs, le réalisateur visiblement manipulé par sa maison de production israélienne, donne la parole à un Palestinien, qui déclare ouvertement que c´est enfantin de tirer des roquettes contre un pays qui possède l´arme nucléaire. Arte poursuit sa campagne de désinformation en diffusant un autre documentaire réalisé avant la guerre: Ghaza, Sderot la vie malgré tout. Ce documentaire est un projet d´Arte, qui raconte une chronique quotidienne aux deux villes de Ghaza et de Sderot, réalisé avec des équipes à la fois israélienne Arik Bernstein (Alma Films) et palestinienne Abdelsalam Sheada et Yousef Atwa de Ramattan Studios. Ce genre de documentaire de chronique quotidienne existe depuis longtemps et a été inauguré par Patrice Barrat à Sarajevo en 93/94, à Belfast en 1995, à Alger en 1998 puis à Ramallah en 2003. Mais ces docs restent décalés par rapport à une réalité sur le terrain et surtout par rapport à une guerre qui a duré trois semaines et qui a changé l´image de deux pays et deux nations. [email protected]