Les quatre jeunes ont-ils réellement volé? Y a-t-il suffisamment de preuves? Y a-t-il des témoins? Voyons de plus près... Quatre inculpés de vol comparaissent devant Mohammed Yahiaoui, le président de la section correctionnelle du tribunal de Hussein Dey qui relève de la juridiction de la cour d´Alger. Quatre inculpés détenus pour vol par effraction, fait prévu et puni par l´article 350 du Code pénal, un article 350 revu à la hausse en 2006 à la suite de la recrudescence de la petite criminalité dominée par «Monseigneur Vol». Arrivés à la barre sous l´oeil vif de Saïd le policier, qui fait office d´huissier de l´audience, les quatre détenus cherchent du regard sombre, un des proches assis au milieu d´une assistance fournie et surtout disciplinée, contrairement à d´autres salles d´audience où il est franchement impossible d´exercer notre métier. Un des quatre inculpés réussit à capter du regard son père. Il lui fait signe. Yahiaoui lui lance un oeil de feu, un oeil éloquent. L´interrogatoire est rapide. Les détenus nient en bloc. Ils nient et vont même faciliter la tâche de leurs avocats, des avocats préparés à toute éventualité, y compris une fâcheuse sortie de Mohamed Kolla, le représentant du ministère public, sage ce dimanche, si sage qu´il n´allait plus tard requérir que ce que la loi a prévu: «Trois années ferme.» Aussi bien Saci que Samir, Tahar et Hakim, tous répondent de la même manière: «On nous a malmenés, on n´a pas été gentils avec nous, on nous a même soufflé des réponses. Nous avions signé le PV d´audition plutôt par crainte que par aveu.» Le juge n´a même pas un seul regard pour eux. De temps à autre, il jette un oeil sur le dossier, histoire d´y pêcher une question allant dans le sens d´éclaircissements utiles à la mise en examen. D´ailleurs, Kolla en parquetier rompu à l´opportunité des poursuites, allait garder une sévérité incomparable au moment où les défenseurs tentaient de prendre d´assaut la citadelle nommée: demandes du parquet. Et ici, Kolla aura gagné en sympathie devant les victimes, victimes du délit...Maître Benouadhah Lamouri, Maître Tarek Ahmed Kheidri et Maître Souad Lakhdari s´étaient presque révoltés pour leurs clients détenus pour vol par effraction. D´abord, c´est Maître Lamouri qui va créer un véritable tintamarre en soulevant avec force l´absence d´empreintes digitales. «Et puis, les plaintes avaient été déposées contre X. Que font ces jeunes ici?», s´est exclamé l´avocat qui a ajouté qu´il n´y a ni preuves, ni témoins, que les inculpés avaient été ramassés sur le tas. «On est arrivé et puis hop! on a ramassé les jeunes qui se trouvaient sur place. Ce dossier est dominé par le doute et le doute bénéficie aux inculpés», conclut l´avocat qui laisser Maître Kheidri va lui évoquer plutôt «les victimes dont le rôle aura été prépondérant car elles n´ont vu aucun de ces inculpés ici présents, voler ou casser quoi que ce soit et s´introduire sur les lieux du méfait», a articulé le conseil qui a réclamé, tout comme son aîné Maître Lamouri, la relaxe, même au bénéfice du doute. Enfin, Maître Souad Lakhdari va aborder les concordances, les supputations, les «on-dit» et autres rumeurs. Il n´y a rien de tout cela. Mon client est ici au nom de l´illogisme, de l´égarement. Substituant un confrère, l´avocate d´El Harrach n´a pas voulu être plus royaliste que le roi car l´inculpation en elle-même est très grave. Il n´y avait qu´à constater le regard furtif de ce Yahiaoui, le président qui, étant convaincu de la culpabilité, ne veut jamais fixer du regard le ou les inculpés. D´ailleurs, la lourde peine de prison ferme qu´il infligera une semaine plus tard, fera que la bande des quatre suspects est devenue celle des condamnés, et lourdement punis car le 350 ne fait généralement aucun cadeau. N´est-ce pas Maître Lamouri? Cet avocat qui se tue en défendant des inculpés..